Larry Page, CEO de Google, fait l’éloge du temps partiel

Lors d’une intervention remarquée au KV CEO Summit 2014, Larry Page, cofondateur et Pdg de Google, s’est prononcé pour une réduction des 40 heures de travail hebdomadaire aux États-Unis. Un pays où les congés payés ne sont pas obligatoires.

Lors du KV CEO Summit 2014, Vinod Khosla du fonds d’investissement Khosla Ventures a interrogé les cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, sur la problématique des emplois remplacés par des machines. Larry Page, le CEO de la firme américaine, a fait sensation en se prononçant pour une réduction de la semaine de travail de 40 heures aux États-Unis.

« Réfléchissez à ce dont nous avons vraiment besoin – logement, sécurité, éducation pour nos enfants –, la quantité de ressources et de travail à fournir pour l’obtenir est faible. L’idée que tout le monde doit travailler frénétiquement pour satisfaire ces besoins n’est tout simplement pas vraie », a déclaré l’entrepreneur et milliardaire de 41 ans. Toutefois, a-t-il ajouté, « beaucoup de gens ne sont pas heureux s’ils n’ont rien à faire. Ils ont besoin de faire des choses, de se sentir utiles et désirés ». Pour lutter contre le chômage, Larry Page propose donc de partager le travail.

Pour qui le temps partiel ?

Pour faire face au chômage de masse, embaucher « deux personnes à temps partiel plutôt qu’une seule ayant un emploi à temps plein » est préférable, a expliqué Larry Page. « Si je demande à la plupart des gens ‘souhaitez-vous une semaine supplémentaire de vacances’, 100% d’entre eux lèveront la main. Même chose, si je propose la semaine de travail de quatre jours. Les gens, dans leur majorité, aiment travailler, mais ils veulent aussi consacrer plus de temps à leur famille ou leurs centres d’intérêt ». Il semble, toutefois, que la réorganisation du temps de travail ne soit pas d’actualité sur les terres de Google, à Mountain View…

Pour Patrick Moorhead de Moor Insights & Strategy, le plaidoyer de Larry Page en faveur du temps partiel – pour les autres – « ne résout pas le problème de fond ». « Ce n’est pas comme si le loyer coûtait moitié moins cher lorsque l’on travaille à mi-temps », explique-t-il dans les colonnes de Computerworld. Pour d’autres, la proposition du Pdg de Google témoigne du fossé qui se creuse entre ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois et les très aisés dans la Silicon Valley. « Page ne se pose pas la question de savoir comment des travailleurs à temps partiel peuvent vivre avec des salaires réduits de moitié, en particulier dans un endroit aussi coûteux que la Silicon Valley », a commenté l’analyste Dan Olds du Gabriel Consulting Group.

États-Unis – France : l’opposition

Aux États-Unis, les employeurs n’ont pas l’obligation légale d’octroyer des congés payés à leurs salariés. Bien que les grandes entreprises accordent généralement deux semaines de congés payés à leurs collaborateurs, près de 28 millions de personnes en sont privées. Selon le Bureau des statistiques du travail américain (Bureau of Labor Statistics) 10% des salariés à temps plein et 60% des travailleurs à temps partiel n’ont pas de vacances ou ne sont pas rémunérés s’ils en prennent. Une situation que certaines professions précarisées connaissent en Europe.

En France, où le taux de chômage est actuellement supérieur de 4 points (10,1% versus 6,1%) à celui des États-Unis, la durée légale du travail a été fixée à 35 heures par semaine pour un emploi à temps complet. Et le cadre relatif aux congés payés est fixé par le Code du travail. Les cinq semaines annuelles de congés payés, assorties de journées de réduction du temps de travail (RTT) pour ceux qui travaillent plus de 35 heures par semaine, sont la règle.


Lire aussi

Larry Page (Google) : « Je pense que l’on fait du bon boulot »

Google investit dans l’apprentissage du code au féminin