Le cloud computing: mode ou tendance lourde?

Le cloud computing a le vent en poupe, d’après le cabinet d’études Markess International. Cette pratique séduit de plus en plus d’entreprises, mais impose des transformations drastiques aux éditeurs

Le marché du cloud computing a crû de 25 % entre 2008 et 2010, et pèse 1 860 millions d’euros cette année, estime Markess International, cabinet d’étude sur l’impact des technologies de l’information sur les organisations. D’après l’étude présentée le 4 mai à Paris, cette tendance devrait se développer dans les années à venir, pour atteindre 2 730 millions d’euros en 2012.

Concrètement, c’est un nouvel usage de l’informatique qui se déploie, avec un « accès via le réseau et à la demande de ressources informatiques, d’environnement de développement, d’applications ou de services informatiques » d’après la définition donnée par Markess International. Le cloud computing revêt différentes formes, qui peuvent s’hybrider : privé, avec la mise en place de services au sein d’une organisation, semi public, dans le data center d’un prestataire, mais avec un espace réservé, ou encore en forme publique, en partageant les ressources avec d’autres clients chez le prestataire.

C’est l’option privée qui recueille l’adhésion du trois quart des entreprises. En cause : les enjeux de l’intégration aux systèmes d’information de l’entreprise, la confidentialité des données, et la garantie de la continuité et de la qualité de services. De plus, les entreprises redoutent la dépendance vis à vis de leur fournisseur « comme pour l’ensemble des logiques d’externalisation », note Emmanuelle Olivié-Paul, directrice associée de Markess International.

De l‘application à l’environnement applicatif

Cette crainte n’empêche pas la pratique de se diffuser. En 2009, 12% des organisations sondées par le cabinet d’études déclaraient avoir a recours au «cloud». Ce pourcentage a doublé en 2010, et devrait grimper à 31% en 2012.

Parmi les précurseurs, qui ont démarré il y a 5 ans, on trouve les « deux extrêmes. Les entreprises de plus de 2000 salariés, ainsi que celle de moins de 50 salariés » constate Emmanuelle Olivié-Paul. Les entreprises intermédiaires s’y mettent, avec un retard pour celles qui comptent entre 50 et 500 salariés. Et, s’il y a 5 ans la pratique du cloud computing a démarré par les applications, (le SaaS), elle s’est aujourd’hui élargie à l’infrastructure, (IaaS) et à l’environnement applicatif (PaaS), note le cabinet d’étude.

Les grands comptes ont démarré avec des applications métiers comme les ressources humaines ou les achats, « plus facile à mettre en œuvre et qui ne posent pas de souci d’intégration », analyse Emmanuelle Olivié-Paul. Et aujourd’hui, la demande évolue vers les métiers de l’informatique : solutions dédiées à la sauvegarde, à la bureautique, à la collaboration, à la messagerie… Quant au PaaS, il se développe dans trois domaines : le développement d’applications avec des langages tiers, celui du développement de briques d’application, avec des applications tierces, et le test de développement d’applications avant la mise en production. Coté infrastructures, ce sont des besoins de stockage, de sauvegarde, d’archivage de réseau et de sécurité, qui priment.

Au bout de quelques années d’expérience, les entreprises qui ont eu recours au cloud computing commencent à quantifier les bénéfices liés à leur choix. Pour le déploiement d’un outil de CRM, par exemple, le délai passerait de neuf à un mois, d’après un témoignage collecté par Markess International. Autre critère mesuré, celui de la diminution des investissements nécessaires. Pour une messagerie collaborative, par exemple, une société avait estimé le coût d’investissement sur un an à 43 000 euros en cas de mise en œuvre en interne, pour un coût récurrent annuel de 3 400 euros avec une solution de cloud computing. Réduction des délais, pas d’achat de machines, disponibilité immédiate des services… le cloud computing convient aux entreprises, d’après l’étude.

Un marché en ébullition

De l’autre coté, il impose une restructuration de l’offre et des pratiques commerciales aux fournisseurs qui investissent ce créneau. Au coté des éditeurs, comme Sage ou Esker, et d’acteurs venant des infrastructures, comme Orange ou Colt, le marché du cloud computing a vu apparaître de nouveaux venus, comme Google. Et ces mêmes prestataires, d’après Markess International, prévoient une « concentration des acteurs » qui devront collaborer entre eux pour offrir un service complet. Avec , probablement, à la clé, l’apparition d’opérateurs de service de cloud computing.

Mais, si les acteurs provenant des télécom sont déjà familiers avec le business model de facturation de services à la demande, pour les éditeurs, c’est carrément « un autre métier », estime Magali Michel, DG de Yooz, la marque SaaS de Itesoft. Ce dernier a choisi de développer une structure et une marque autonome, qui propose des services en SaaS, pour les PME. « C’était une opportunité pour acquérir de nouveaux clients sur un marché où nous n’étions pas présents », explique Magali Michel. A contrario, ne pas déployer d’offre en SaaS peut représenter le risque de perdre ses clients.

Quoi qu’il en soit, à en suivre les projections de croissance du cloud computing de Markess International, le jeu en vaut la chandelle : ce marché ne représente aujourd’hui encore que 6 % environ des dépenses informatiques des entreprises.

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