Le cloud public doit passer par les DSI

Débat cloud public hybride © José Diz

Le cloud public est certes facile à mettre en œuvre, mais il nécessite un certain savoir-faire pour éviter les pièges les plus courants. Un savoir-faire que doivent fournir les DSI.

Nous avons dernièrement été conviés à un débat portant sur le cloud public et hybride, regroupant les constructeurs EMC et HP et les SSII Accenture et Capgemini. L’aspect légal était couvert par l’avocat Olivier Iteanu, également secrétaire général d’Eurocloud France.

L’occasion de rappeler comment est perçu le cloud public par les entreprises, mais aussi quels impacts il a sur l’organisation des DSI.

« Le cloud public est très influençant, explique Capgemini. Il permet de créer de nouveaux usages. » S’en suit une discussion sur ce qu’est réellement un cloud public. « Avant tout du mutualisé », précise le représentant d’Eurocloud France.

Le tout est en effet de savoir si le cloud est partagé ou dédié. À ce titre, les offres de “Virtual Private Cloud” sont donc par essence du cloud privé hébergé chez un tiers, pas du cloud public.

Localisation et sécurité : la responsabilité des DSI

L’un des problèmes classiques liés au cloud est la localisation des données. Les informations liées aux clients ne peuvent par exemple pas être hébergées hors d’Europe.

Si cet aspect commence à être pris en compte région par région par les fournisseurs de cloud, ce point sera à vérifier, voire à négocier. Et nos intervenants de citer des cas pour lesquels l’opérateur du cloud s’est plié aux demandes des entreprises (des grands comptes en général).

Autre point, la sécurité des données, qui se doit d’être assurée. L’application de SLA commence à devenir commune chez les opérateurs de cloud. Toutefois, c’est là encore un point qui devra être vérifié, voire négocié.

Même si les offres de cloud public ne sont pas du sur mesure en termes de contrat, une certaine latitude existe, en particulier pour les grands comptes. Les autres pourront toujours opter pour le prestataire qui collera le mieux à leurs exigences.

Toutefois, ceci nécessite de bien connaitre les offres disponibles. « Le métier de la DSI doit changer. Il lui faut se doter d’un “contract manager”, qui portera le savoir-faire de la DSI vers les autres métiers de l’entreprise, » explique l’intervenant d’Accenture. De simple opérateur de l’infrastructure IT interne, la DSI doit prendre à bras le corps son rôle de conseiller technique.

Réversibilité : tout passe par l’interopérabilité

Dans l’absolu, le problème de la réversibilité (ce qui peut se traduire par « sortir du cloud public ») a lui aussi une forte composante contractuelle.

Toutefois, la réversibilité est liée à l’interopérabilité des clouds entre eux, tant il est vrai que la question n’est pas vraiment de sortir du cloud, mais de pouvoir changer à volonté de prestataire. Il faut donc déterminer si l’utilisateur d’un cloud public X est captif ou libre.

Avec la montée d’OpenStack, qui devient la ‘lingua franca’ du cloud, l’interopérabilité – du moins du point de vue des infrastructures – est grandement facilitée. Quant à la notion de portabilité des données, elle est en cours de discussion au niveau européen.

Reste que, là aussi, l’ensemble est de la responsabilité du DSI. « L’urbanisation du SI est une matière qui revient à la mode avec le cloud, précise Accenture. Il convient de savoir quelles données sont ou ne seront pas stockées dans le cloud. »

« Au final, le problème est celui du nouveau mandat du DSI, qui doit créer de nouvelles fonctions métier », résume Capgemini.

Le cas Big data

Notez qu’en matière d’interopérabilité (ou de réversibilité), une part du problème est indépendante des services informatiques de l’entreprise : la volumétrie.

Il sera en effet difficile – voire impossible – de basculer des pétaoctets de données d’un cloud public vers celui d’un autre prestataire, même si les deux offres sont 100% interopérables. Le blocage est ici d’ordre technique.

« Un souci qui pourrait se transformer en une question de droit à la concurrence », note Olivier Iteanu (avocat). De fait, cette limite technique se révèle un frein à la libre concurrence. Avec la montée du Big Data, nul doute que ce problème donnera lieu à de futurs débats.

Crédit photo © José Diz


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