Le Kindle d'Amazon sous la coupe de Microsoft?

Microsoft et Amazon signent un accord d’échange de propriété intellectuelle. Une manière pour le cybermarchand de se protéger d’éventuelles poursuites de Redmond.

Contre toute attente, Microsoft a annoncé avoir signé un accord de licence croisé avec Amazon. Cet accord autorisera les deux entreprises à accéder respectivement à leur portefeuilles de brevets sur un certain nombre de produits et de technologies dont le populaire Kindle, le lecteur d’ouvrages numériques d’Amazon.

Le communiqué ne détaille pas le contenu de l’accord ni ses limites. Mais il nous apprend qu’il concerne également les composants logiciels propriétaires et open source exploités dans le Kindle , ainsi que l’usage des serveurs sous Linux d’Amazon. Enfin, l’accord implique que la société dirigée par Jeff Bezos versera une compensation financière au montant non dévoilé à celle de Steve Ballmer.

Difficile d’imaginer la stratégie qui se dessine entre les deux groupes. Amazon profitera-t-il de l’accord pour exploiter des technologies Microsoft? Est-ce un moyen pour Redmond de préparer le terrain du marché des livres électroniques à l’approche de l’arrivée de l’iPad d’Apple?

Peut-être faut-il simplement y voir une nouvelle «victoire» de Microsoft dans sa croisade open source initiée en 2003 avec son programme de licence de propriété intellectuelle. Rappelons que, Microsoft accuse Linux d’enfreindre une partie de sa propriété intellectuelle (jusqu’à 235 brevets) et menace de poursuites les entreprises ayant recours aux solutions libres (et qui avait, en réaction, poussé à la création de l’Open Invention Network ). Un flou juridique que Microsoft entend clarifier au sein de son écosystème avec son programme de licences.

Un programme auquel ont adhéré plus de 600 entreprises dont Apple, HP, LG Electronics, Novell, Samsung… Et Amazon aujourd’hui. Le cybermarchand n’a visiblement pas envie de s’attirer les foudres juridiques de Microsoft comme TomTom a pu le vivre début 2009 (suite à l’utilisation des technologies FAT de Microsoft supportés par Linux) qui a poussé l’éditeur de solution de navigation assistée à signer à son tour avec Redmond.

A moins que l’accord avec Amazon ne cache une amorce de développements stratégiques difficile à dessiner pour l’heure. Pour Jim Zemlin, de la Linux Foundation, il ne s’agit rien de plus qu’un accord juridique sans conséquence. « Le fait que deux entités dotés de coûteux stocks d’armes obsolètes aient senti la nécessité de négocier une détente n’est pas surprenant », écrit-il sur son blog. En d’autres termes, beaucoup de bruit pour rien.