L’e-mail mobile fait fureur

Recevoir automatiquement ses mail sur un terminal mobile est une fonction très prisée par les utilisateurs nomades. Sur ce terrain, BlackBerry raffle la mise. Mais d’autres acteurs pointent à l’horizon

On parle beaucoup des services mobiles, notamment grâce au réseau GPRS et au futur UMTS qui permettra des débits importants. Mais en terme d’applications, personne ne sait trop ce qui fera la différence. A l’exception d’un service, très prisé par les professionnels, l’e-mail mobile ou la possibilité de recevoir automatiquement et simplement ses mails (provenant de n’importe quel compte privé ou pro) sur son terminal mobile. Ainsi, 80% des utilisateurs pro utilisent quotidiennement ce service qui permet de rester en contact avec son entreprise.

Relever ses e-mail sur un mobile est une fonction assez ancienne mais jusqu’à présent assez compliquée à configurer et à utiliser. Mais depuis près d’un an, des solutions font la différence avec des terminaux dédiés ou des services intégrés dans des terminaux de type PDA/Pocket PC communicants à clavier (les derniers iPaq de HP, les smartphones de Microsoft, les Treo de Handspring…) Sur ce terrain très porteur, le constructeur américain RIM a été le premier à se positionner et récolte aujourd’hui les fruits de sa stratégie précurseur. Le groupe propose depuis plus d’un an le terminal Blackberry qui permet, outre de téléphoner, de recevoir automatiquement ses mails en mode ‘push’. +289% sur un an Sa simplicité d’utilisation lui a permis de battre des records de vente. Ainsi, selon le Gartner, les ventes mondiales de ce terminal ont bondi de 289% au troisième trimestre 2004 avec 510.000 unités vendues. Sa part dans le marché des PDA (même s’il ne s’agit pas trop d’un PDA) est passée en un an de 5,3% à 18,6%. En France, le Blackberry est commercialisé par SFR qui se dit « très satisfait » des ventes. Le terminal répond en effet aux attentes basiques mais essentielles des utilisateurs nomades, à savoir le courrier. La stratégie de RIM est double. Non seulement le constructeur conçoit des terminaux vendus notamment par les opérateurs mais il propose également aux fabricants de mobiles d’intégrer le service dans les combinés. Illustration de cette stratégie: le groupe a ainsi fait deux annonces récemment. Il va lancer un nouveau modèle de son terminal, plus petit et moins cher, le 7100t pour l’instant destiné au marché américain. Et dans le même temps, RIM annonce que le dernier Communicator de Nokia, le 9500, sera doté de son service de gestion d’e-mail sans fil. Bref, cette stratégie lui permet de « couvrir » la demande et d’assurer une croissance vertueuse. Solutions alternatives Mais sur ce marché, RIM ne fait plus cavalier seul. Des éditeurs de logiciels proposent désormais également des solutions similaires qui jouent la carte de la simplicité d’utilisation. Ainsi, la société Visto offre une solution logicielle qui débarque actuellement en Europe. Le service est similaire (possibilité de gérer plusieurs comptes, système push) mais la stratégie est différente. Visto, entreprise américaine, ne produit pas de terminal mais propose son service directement aux opérateurs mobiles. Car sa solution est universelle. « La solution est vendue à travers l’opérateur, sous sa propre marque »,, explique Ramzi El-Fekih, vice-président EMEA de Visto. Dans le même temps, Visto tissent des partenariats avec les fabricants de combinés, « ils ouvrent leurs systèmes ou nous recommandent auprès des opérateurs ». Résultat, « le service compte 200.000 utilisateurs surtout aux Etats-Unis et il sera proposé en Europe par Vodafone UK et KPN », explique-t-il. En France, des discussions sont en cours. A l’attaque de l’Europe Visto a également passé un accord exclusif avec Microsoft qui propose systématiquement le logiciel de Visto aux opérateurs mobiles pour certaines solutions professionnelles comme celles destinées aux entreprises individuelles. Le groupe est également partenaire de PalmSource afin d’intégrer le produit dans PalmOS. Cette universalité des plate-formes supportée permet donc à Visto de séduire les opérateurs. Des opérateurs très demandeurs pour ce type de solutions. « On reçoit beaucoup de demandes en Europe », souligne Ramzi El-Fekih. « Mais nous devons adapter notre produit au marché avec notamment un effort sur l’installation du service, sa configuration, son activation. On nous a également demandé de mettre l’accent sur la sécurité ». Pour le vice-président, l’e-mail mobile devrait très vite dépasser la sphère des utilisateurs professionnels pour atteindre le marché de masse notamment grâce au succès des smartphones à clavier. Une certitude, partagée par les investisseurs: Visto a levé en avril dernier pas moins de 65 millions de dollars pour assurer son développement en Europe.