L’e-mail mobile se fait une place dans le grand public

Après s’être imposé dans la sphère professionnelle, le mail mobile tente une percée dans le marché grand public, notamment avec Microsoft, Visto ou encore Google

Recevoir ses mails sur son mobile est aujourd’hui une réalité. Cinq millions de personnes, en très grande majorité des professionnels, ont adopté le Blackberry, ce terminal/téléphone mobile qui permet de recevoir en direct, et très simplement ses e-mails.

Aujourd’hui, ce type de services est également très attendu par le grand public, explosion des abonnements haut débit oblige. Tout le monde veut pourvoir consulter ses mails depuis n’importe où et pour les opérateurs ce type de service peut devenir une source de revenus non négligeable. Il constitue pour beaucoup la première brique de la convergence PC-téléphone mobile. Pour cette cible grand public, différents acteurs sont déjà en ordre de bataille. Leur positionnement: jouer la carte de la simplicité en offrant les environnements dont elle a l’habitude sur PC. Traduction: éviter les configurations compliquées et longues. La concurrence est déjà rude. Microsoft par exemple propose aux opérateurs d’intégrer ses nouveaux services ‘Live’ dans leurs offres. Outre le mail (Live Mail) en version mobile, l’éditeur propose également Live Messenger. En France, Bouygues Telecom intègre avec succès à ses forfaits iMode les services de Microsoft. Même stratégie chez Ten, nouvel opérateur mobile virtuel. « 15 millions de Français veulent de l’internet mobile. Les jeunes, les jeunes actifs, les pros ont besoin d’utiliser leur mail habituel et leur Messenger lorsqu’ils sont loin de leur PC. Et aujourd’hui, personne ne leur propose un service simple et transparent d’Internet mobile », explique Jean-Louis Constanza, patron de Ten. Ten promet une utilisation plug and play des services sans aucune configuration. Par ailleurs, l’utilisateur conserve son adresse mail classique à la différence des opérateurs concurrents. Pour Ten, c’est la simplicité qui fera la différence. De son côté, Google a annoncé le lancement de versions mobiles de Google Mail. « Google est bien décidé à tirer parti du potentiel technologique que les téléphones mobiles promettent aujourd’hui aux utilisateurs, en leur proposant des produits et services pratiques, conviviaux et gratuits », explique le géant du Web. Outre l’offensive de ces acteurs ‘historiques’, d’autres éditeurs, plus petits, tentent de proposer leurs solutions maison aux constructeurs de mobiles ou aux opérateurs. C’est le cas de l’américain Visto qui a développé une plate-forme de mail mobile vendue en marque blanche aux opérateurs. Ici aussi, la simplicité est mise en avant. « Ce qui intéresse les abonnés, c’est d’accéder simplement, comme sur leurs ordinateurs, à leurs mails sur mobile », explique Thierry Marzin, directeur général France et Benelux. L’éditeur a vendu sa solution à une quinzaine d’opérateurs en Europe, dont Vodafone. Son principal atout: une technologie agnostique qui peut s’adapter à tout type de combinés. Et l’accompagnement des opérateurs pour intégrer la solution. Des petits acteurs en pointe L’Europe semble d’ailleurs à la pointe sur ce marché. « Les Etats-Unis étaient en avance avec le ?paging’ (petits terminaux qui permettent de s’envoyer des messages textes) mais ils ont raté le coche de l’e-mail mobile », poursuit-il. Face aux appétits des géants, Visto se dit serein. « Lorsqu’un marché démarre, il vaut mieux être plusieurs. Par ailleurs, le potentiel est tellement colossal qu’il y a de la place pour tous le monde. Les bulldozers du marché feront leur travail, ce qui n’empêchera pas certains plus petits acteurs de se démarquer », estime Thierry Marzin. Dans le même temps, l’éditeur attaque ses concurrents qui auraient violé ses brevets. C’est la grande affaire de l’e-mail mobile. On se souvient tous du feuilleton opposant NTP à Blackberry. Visto n’est pas en reste: il a déjà gagné 7 procès et poursuit Microsoft. Le jugement devrait être rendu l’année prochaine. Le français Inexbee est un autre petit acteur à livrer clé en main une solution aux opérateurs. Cette start-up a mis au point une plate-forme simple qui permet d’intégrer le mail (provenant de n’importe quelle messagerie) et de le reformater dans un MMS qui sera ensuite envoyé à l’abonné mobile. « Depuis un an et demi, les choses ont beaucoup évolué », nous explique Nicolas Appert, président du directoire. « les opérateurs sont beaucoup plus chaud qu’auparavant, ils ne demandent plus d’être convaincus ». Les résultats financiers de Visto ou d’Inexbee illustrent cette forte demande. Visto a doublé son chiffre d’affaires en un an tandis qu’Inexbee affiche des revenus de 4,3 millions d’euros en 2005.