Le marché des jeux d'argent en ligne sera ouvert en janvier 2010

La France se résoud à casser le monopole de la Française des Jeux et du PMU mais entend fixer des limites et récolter son du…

A vos cartes, prêts, partez ! Champagne pour les Partouche et autre PartyPoker. Le ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, Eric Woerth vient de confirmer ce jeudi que l’ouverture du marché des jeux d’argent en ligne sera effective le 1er janvier 2010 après le vote d’une loi. Dans ce cadre, des licences seront attribuées à des opérateurs privés par une autorité de régulation indépendante.

« Plutôt que d’essayer d’interdire 25.000 sites illégaux, nous préférons donner des autorisations à ceux qui respecteront nos conditions en matière d’ordre public et social », a expliqué Eric Woerth.

Malgré leur intensif lobby, le monopole de la Française des Jeux (FDJ) et du PMU est donc cassé. En, fait, la France a du se plier à une directive de la Commission européenne qui impose la libéralisation de ce secteur et qui menaçait la France de poursuites.

C’est donc une petite révolution. Jusqu’à aujourd’hui, il était bien évidemment possible de jouer au Poker ou faire des paris en ligne. Mais en passant par des sites étrangers. Et les géants français du jeu d’argent se lamenter de cette manne financière qui leur passait sous le nez. Dès 2010, les opérateurs français pourront donc se positionner sur ce très lucratif marché qui ne cesse de progresser. D’ailleurs, de nombreux groupes ont d’ores et déjà confirmé leur intention de se porter candidat à une licence, exemple le plus médiatique : Iliad, la maison mère de Free… Ces opérateurs seront tenus de respecter un cahier des charges (lutte contre le blanchiment d’argent, la fraude, les paradis fiscaux).

Reste que la France ne fait rien comme tout le monde et le gouvernement tient à préserver la FDJ et le PMU qui sont de gros contributeurs aux recettes de l’Etat (5 milliards d’euros par an). Le gouvernement parle donc « d’ouverture maîtrisé ». Traduction. D’abord, tous les jeux ne seront pas concernés par la libéralisation : les jeux de table type roulette ou encore les jackpots en ligne ne seront pas autorisés.

Ensuite, afin de limiter les risques financiers pour les joueurs, la part des mises pouvant être redistribuée sera plafonnée par décret. Ce plafond « sera compris dans une fourchette variant entre 80 et 85% », selon le ministre du Budget. Le « spread betting », forme de pari dans laquelle le joueur ne connaît pas à l’avance sa perte potentielle, sera interdit.

Enfin, l’Etat entend prélever sa dime : le projet de loi prévoit ainsi une taxe de 7,5% des mises pour les paris sportifs et hippiques, et 2% pour les mises sur le poker. Ce qui risque de pénaliser les opérateurs français puisque dans d’autres pays, cette taxe est parfois inférieure. Par ailleurs, cette taxe risque de réduire les gains des joueurs qui pourraient continuer à flamber sur les sites étrangers, plus rémunérateurs. Pour autant, le ministre du Budget estime que cette fiscalité est « attractive » pour les nouveaux entrants et « comparable » à celle des autres pays européens.

Un avis qui n’est pas partagé par Rohan Chabot, directeur général de ZEturf, futur candidat à une licence.“Il est bon que ce marché s’ouvre de manière maîtrisée et contrôlée ; cependant le taux de taxation envisagé et surtout la limitation du taux de retour aux joueurs risquent de mettre les sociétés titulaires d’une licence française dans une position concurrentielle difficile vis-à-vis des opérateurs étrangers non soumis à de telles limites. Le taux maximum acceptable dans un environnement concurrentiel mondial serait plutôt de l’ordre de 5%. À titre d’exemple, les taux de prélèvement sont de l’ordre de 1,5 à 2% des mises en Angleterre et de 0,5% à Malte. »