Le mariage Orange-Bouygues échoue pour quelques milliards de trop

Martin Bouygues aurait jeté l’éponge face aux exigences de l’Etat dans la vente de Bouygues Telecom à Orange.

Il y avait une chance sur deux pour que l’opération se fasse, clamait Stéphane Richard. Ou ne se fasse pas. C’est cette dernière option qui s’affiche finalement aujourd’hui. Le mariage Orange-Bouygues n’aura finalement pas lieu, du moins pas cette fois, selon une information du Figaro, confirmée par Les Echos.

Les deux groupes devraient réunir leurs conseils d’administration respectifs ce vendredi soir pour confirmer la décision. Apparemment, Martin Bouygues aurait finalement jeté l’éponge face aux exigences de l’Etat. Rappelons que, détenteur de 23% du capital d’Orange, ce dernier ne souhaitait pas voir sa part descendre sous les 20% afin de conserver sa position d’actionnaire principal. Une posture trop rigide aux yeux de Martin Bouygues qui souhaitait s’emparer jusqu’à 15% du capital de l’opérateur historique par l’intermédiaire d’une partie de la vente de Bouygues Telecom. Et, probablement, pousser sa présence au fil des mois en rachetant des actions sur le marché. Avec l’ambition de prendre la place d’actionnaire principal de l’Etat.

Trop cher pour l’Etat

Une vision non partagée par le gouvernement et plus particulièrement le ministre de l’Economie. Emmanuel Macron qui trouvait probablement la manœuvre trop coûteuse pour Orange (donc ses actionnaires), alors que l’opérateur récupérait l’essentiel des salariés de Bouygues Telecom. D’autant que la filiale télécoms du groupe de BTP était, à 10 milliards d’euros, jugée surévaluée. De plus, Bercy souhaitait imposer des clauses de « standstill » à Bouygues pour l’empêcher de monter trop vite au capital d’Orange. Autant de points que Martin Bouygues a visiblement jugés inacceptables.

Ce sont donc plus de trois mois de négociations, relativement abouties, entre les différents acteurs des télécoms qui s’envolent en fumée. Les dirigeants d’Orange, Free et SFR seraient parvenus à s’entendre pour reprendre les actifs de Bouygues Telecom dans l’espoir de passer les fourches caudines de l’Autorité de la concurrence afin de retrouver un marché moins concurrentiel donc plus rentable. Néanmoins, Xavier Niel, le patron de Free, se serait montré intransigeant sur une partie de cette reprise, rapportent Les Echos. Ce qui n’a pas dû simplifier le dossier. Bref, la consolidation du secteur des télécoms sera reportée à plus tard. Sauf si un compromis de dernière minute est trouvé pendant le week-end.


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