Le MMORPG qui tue? ou comment un jeu vidéo peut devenir mortel

Un joueur assidu chinois de jeux de rôle en ligne a tué son collègue pour une histoire d’épée? virtuelle

Les joueurs de jeux vidéo éprouvent parfois des difficultés à replacer certains contextes et évènements de jeu dans la réalité, entraînant la confusion entre le virtuels et le réel !

Il en est souvent ainsi que les jeux MMORPG (Massive Multi-player Online Role Playing Game), des jeux de rôles en ligne dits ‘massivement multijoueurs’, où le joueur connecté s’évade dans des univers virtuels où il joue un rôle actif et où il peut rencontrer et affronter une communauté ‘massive’ (des dizaines de milliers) d’autres joueurs. Ces jeux développent une culture, à laquelle le joueur adhère, et entraînent souvent des comportements sociaux décalés d’identification des joueurs et d’assimilation avec leurs doubles virtuels. Ce phénomène n’est pas réservé qu’aux joueurs en ligne, les amateurs de Star Wars ou de Star Trek se réunissent très souvent en conventions au cours desquelles ils s’identifient aux personnages de ces univers, en adoptant leurs costumes ou leurs langages, par exemple. Le modèle économique des éditeurs de jeux MMPORG est le plus souvent lié à l’abonnement payant aux serveurs, mais il peut aussi s’accompagner de micro systèmes économiques intégrés, comme une monnaie virtuelle qui peut s’acheter dans le réel, 1 euro pour 10 points de monnaie locale par exemple, ou s’échanger virtuellement dans le jeu, contre un service, un objet (une arme, une clé?) ou même un pouvoir généralement magique. Cette économie intégrée dérive parfois vers une économie parallèle, avec par exemple des joueurs qui peuvent revendre des artefacts sur des sites spécialisés, dans des communautés, ou même sur des sites d’enchères. A l’image des cartes de jeu les plus rares sur des jeux de cartes sur table. L’épée virtuelle tue dans le réel Qiu Chengwei, un chinois âgé de 41 ans, est un joueur assidu du MMORPG ‘Legend of Mir 3‘. Dans cet univers médiéval fantastique, des dizaines de milliers de joueurs de par le monde voyagent dans cet univers virtuel, et s’affrontent à coup de sortilèges ou d’épée gigantesques. Et Qiu Chengwei possède l’une de ces épées fantastiques, le ‘Sabre Dragon‘, sans doute acquise au cours de sa longue quête virtuelle dans l’univers du jeu. Son collègue Zhu Caoyan est aussi un adepte de ce jeu vidéo en ligne, tout comme des millions de joueurs asiatiques, terre d’élection des jeux de rôles numériques en ligne. Et il se fait prêter le Sabre Dragon. Mais cet artefact, tout virtuel qu’il soit, a une valeur financière, à la fois virtuelle et réelle, alimentée par des joueurs qui, plutôt que de suivre la logique du jeu, vont chercher à les acquérir dans l’économie réelle. Et le Sabre Dragon à une valeur monétaire bien réelle, 7.200 yuans ou 665 euros ! C’est le prix qu’un joueur a réglé au cupide Zhu, qui a vendu l’épée de Qiu ! On comprend la colère de ce dernier. D’autant que la police de Shanghai a refusé d’enregistrer sa plainte. Car la loi chinoise, et elle n’est pas la seule, n’accorde aucune valeur à ces artefacts virtuels ! Zhu a cependant promis de lui restituer la somme? La grosse somme que représentent 7.200 yuans en Chine ! Laissons la parole au Procureur de Shanghai pour conclure cette histoire : « Zhu lui avait promis de lui rendre l’argent, mais Qui, furieux, a perdu patience et l’a attaqué chez lui. Il l’a poignardé en y mettant toute sa force, et l’a finalement tué« . Fin? 26.500 dollars pour acheter une île? virtuelle

Jusqu’où peut se placer l’adhésion à un univers et une culture virtuelle ? David Storey, grand amateur du MMPORG Project Entropia, a acquis pour 26.500 dollars une île totalement virtuelle sur le jeu, à charge pour lui de la faire fructifier. Pas si fou que cela, le joueur a fait sponsoriser son acquisition, une façon pour une entreprise d’afficher sa publicité aux dizaines de milliers de joueurs qui fréquentent l’île. Project Entropia possède sa propre monnaie, les PED (Project Entropia Dollars), et son taux de change, 1 dollar pour 10 PED. Une économie parallèle dont les volumes d’échanges dépassent la centaine de millions de dollars par mois !