Le non au référendum s’est aussi joué sur la Toile

Une étude universitaire réalisée par l’UTC (l’université de technologie de Compiègne) met en exergue le rôle important de l’Internet dans le choix des Français lors du référendum sur la constitution européenne du 29 mai dernier

Deux chercheurs travaillant au sein du RTGI (Réseau Territoires et Géographie de l’Information) de l’Université de Compiègne : Franck Ghitalla et Guilhem Fouetillou, ont tenu a mettre en avant le rôle de la toile dans l’issue de ce scrutin qui a secoué l’Europe.

Pour cela ils ont envoyé sur la toile plusieurs dizaines de robots qui rapatrient dans une base de données les contenus des sites ainsi que les liens hypertextes entre eux. Prenant comme point de départ une dizaine de sites traitant du référendum, nos deux étudiants ont identifié plus de 12.000 sites et 2.500.000 pages, entre le 30 mai et le 1er juin 2005. Sur ces 12.000 sites, seuls 295 traitaient du référendum. Le premier constat vient du net déséquilibre quantitatif entre sites du oui (79) et sites du non (161), ces derniers représentant 67% des sites (contre 33% pour le oui). Ce qui confirme que l’Internet est rapidement devenu le lieu de contestation privilégié du camp des nonistes qui comme l’a très clairement montré l’émission « Arrêt sur image » du 10 avril 2005, n’avaient pas la possibilité de s’exprimer à la télévision. En effet après comptage effectué sur les trois principales chaînes hertziennes, l’émission révélait que plus de 70% du temps de parole consacré au débat avait été utilisé par des hommes politiques favorables au projet constitutionnel. En terme de communauté, c’est celle du non qui est la plus dense, mais aussi d’une certaine façon la plus fermée ; en effet, 79% de ses liens sont intra-communautaires contre 64% pour le oui. L’échiquier politique Autre point intéressant, parmi les 10 premiers sites de référence du oui et du non confondus, 8 appartiennent au camp du non, on retrouve le site de la fondation Copernic de Yves Salesses, celui de Étienne Chouard qui comme le révèle Libération « enregistrait jusqu’à 30.000 visites par jour au plus fort de la campagne ». La carte politique du oui comporte seulement 39 sites et parmi ces 39 seuls 10 représentent l’engagement de l’UMP pour le oui. Parmi les tenants du non, on retrouve 74 sites de partis politiques. Ces sites se situent à gauche pour 30%, à l’extrême gauche pour 39%, et appellent à un vote unitaire de toute la gauche pour 13% d’entre eux. Le non sur le Web est donc sans conteste un non de gauche, et ceci, à plus de 82%. On retrouve seulement deux sites de l’extrême droite, sites qui ne sont d’ailleurs pas reliés aux autres sites. Enfin, les 14 restants se partagent entre sites souverainistes de gauche, souverainistes de droite.