Le président d’Iliad (Free) est mis en examen pour proxénétisme

Xavier Niel a été mis en examen et écroué pour « abus de biens sociaux et proxénétisme ». Il a été placé en détention provisoire. L’argent du haut débit aurait financé… des peep-shows!

La nouvelle a de quoi choquer. Xavier Niel, président d’Iliad, qui contrôle Free, deuxième fournisseur d’accès Internet en France, a été mis en examen ce 28 mai, dans la nuit de jeudi à vendredi pour

« abus de biens sociaux et proxénétisme aggravé », a-t-on appris du Parquet de Paris. Il a été placé en détention provisoire après 48 heures de garde à vue. L’homme est soupçonné d’avoir utilisé l’argent issu de ses sociétés pour investir dans des « peep-shows » qui auraient servi de couverture à des activités de prostitution à la demande, a-t-on précisé de même source. Incroyable. Il a également été mis en examen pour « recel d’abus de biens sociaux »: il aurait recueilli, personnellement, de l’argent qui aurait dû revenir aux sociétés exploitant ces peep-shows. « M. Niel nie les faits de prostitution. Il était actionnaire du peep-show de Strasbourg mais n’y est pas allé depuis cinq ans et ne s’en occupait pas. Il n’a pas touché un euro provenant de la prostitution », a expliqué, à Reuters, Me Toby, l’avocat du prévenu. Une enquête préliminaire avait été ouverte en juillet 2002 au Parquet de Paris pour des présomptions de blanchiment d’argent. Ce dernier avait ensuite ouvert une information judiciaire en avril 2003 confiée au juge du pôle financier du TGI de Paris, Renaud van Ruymbeke. Pas d’implication sur le groupe? La société Iliad a annoncé elle-même la nouvelle dans un communiqué de presse, en estimant que l’affaire ne concernait pas la société. « Cette procédure judiciaire concerne une affaire privée de M. Niel et n’implique aucun autre dirigeant du groupe », a-t-elle déclaré. « Le conseil d’administration d’Iliad, réuni le 27 mai au soir, s’est assuré que l’organisation de la société, autour de son directeur général Cyril Poidatz, permettait la poursuite de son développement dans le cadre du plan stratégique en cours », poursuit Iliad dans son communiqué. Et d’ajouter: « Si vous me demandez l’impact des différends de Xavier Niel [ndlr: avec la justice] sur la stratégie du groupe, il n’y en a pas », a souligné Michaël Boukobza, directeur général délégué du groupe lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP. C’est néanmoins un coup dur pour cette entreprise qui muliplie les succès. Avec le FAI Free mais aussi les opérateurs de téléphonie One.Tel et Kertel, qui commercialisent des cartes téléphoniques pré-payées. La société emploie 520 personnes et était évaluée à un milliard d’euros en bourse avant l’affaire. Ce samedi, le conseil d’administration du groupe Iliad, constatant « l’empêchement temporaire de son président », Xavier Niel, a annoncé l’avoir remplacé à titre provisoire dans ses fonctions par Cyril Poidatz. Il cumulera les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général pendant la durée de l’intérim, lit-on dans un communiqué publié par le groupe. Un parcours lié à l’Industrie du X et d’Internet

Xavier Niel, 36 ans, dirigeant historique et principal actionnaire d’Iliad, a fait sa carrière dans les télécommunications, le Minitel et l’univers Internet.

Il s’est d’abord illustré avec la création et la revente de plusieurs sites de Minitel rose grâce auxquels il a fait fortune alors qu’il avait une vingtaine d’années. Réputé discret, l’homme a créé en 1993 avec un ami, Sébastien Socchard, le premier fournisseur d’accès français, Worldnet, qu’ils ont revendu à Kaptech sept ans plus tard, pour près de 40 millions d’euros.