Le régulateur ne veut pas de monopole sur la fibre optique

L’Arcep vise en fait France Télécom qui ne veut pas être pénalisé par une « sur-réglementation »

Après l’ADSL, la fibre optique est aujourd’hui au centre des débats de la régulation. Ce nouveau type d’accès à l’Internet à très haut débit, qui permet des accès à 100 Mb/s, est actuellement en cours de lancement ou d’expérimentation en France (voir encadré et nos articles). Mais déjà, l’Arcep, le régulateur des télécoms ne veut pas que ce marché soit tenu par le principal investisseur dans ce domaine, à savoir France Télécom.

« Un scénario de développement de fibre dont les modalités conduiraient, de droit ou de fait, à une re-monopolisation du marché du haut débit professionnel, ne serait pas conforme aux objectifs fondamentaux de la régulation. A moyen terme, tant les entreprises individuellement que la compétitivité de la France dans son ensemble, en paieraient le prix. Pour la clientèle résidentielle, le marché semble nettement moins mûr« . « (…) Il ne semble pas que l’investissement nécessaire pour déployer des réseaux fibre desservant chaque logement, se montant à plusieurs dizaines de milliards d’euros puissent être rentabilisé à l’aide de la seule disposition incrémentale à payer des ménages pour la diffusion audio-visuelle ou la vidéo à la demande », a notamment déclaré Paul Champsaur, président de l’Arcep lors des journées de l’Idate à Montpellier. En clair, l’Arcep souhaite que ce marché soit concurrentiel et veut éviter à tout prix que France Télécom, qui investit le plus dans ce domaine, ait une main mise sur ce marché émergeant. Car il faut savoir que la fibre exige de très lourds investissements. En Allemagne, Deutsche Telekom va dépenser 3 milliards d’euros dans ce nouveau réseau, qui permettra d’accéder à des services à valeur ajoutée. Evidémment, France Télécom ne l’entend pas de cette oreille. Didier Lombard, patron du groupe, s’en est directement pris à l’Arcep, également lors des journées de l’Idate. Le p-dg souhaite que les marchés émergeants, comme la fibre optique, ne soient pas « sur-régulés », sous peine d’entraver le développement technologique et commercial de l’opérateur. La fibre optique en France: projets et déploiements

Après avoir testé VDSL1, France Télécom a lancé une série d’expérimentations autour des accès haut débit VDSL2, introduits dans la boucle locale. Le débit théorique proposé: 100 Mb/s en symétrique! Il faut savoir que la particularité de la technologie VDSL réside dans la possibilité d’amener les débits via une connexion en fibre optique jusqu’aux sous-répartiteurs, puis de les distribuer chez les clients via la paire de cuivre classique et un équipement DSLAM spécifique à la Sous Répartition. Il faudra donc tirer de la fibre optique depuis le central téléphonique jusqu’au sous-répartiteur et d’y installer le nouveau DSLAM. Ce qui sera long et cher. CitéFibre, nouvel opérateur Internet, devrait lancer des offres domestiques FFTH pour Fiber To The Home permettant des débits monstrueux (théoriques) de 100 Mb/s en symétrique. Mais l’abonnement sera à la hauteur: 70 euros par mois. L’opérateur a signé un accord avec la Mairie de Paris afin d’avoir l’autorisation de faire passer les câbles de fibre dans les égouts de la ville. Erenis, soutenu par des fonds d’investissement (NetPartners, Anvar), fait état de la connexion de « quelques milliers de logements » (25.000 selon nos informations). Et les perspectives, d’ici à 2006 dépasseraient les 50.000. Le réseau physique de desserte repose essentiellement sur la fibre optique, pour apporter des services de téléphonie et d’accès Internet auprès des grands groupes d’immeubles, notamment des cités HLM ou équivalentes gérées, entre autres, par la SAGI (Société anonyme de gestion immobilière, ville de Paris). A Pau, les habitants ont également accès à une offre FFTH baptisée « PauOnline » et permettant également un débit théorique de 100 MB/s. Elle est commercialisée 37 euros par mois modem compris.