L’équipementier chinois ZTE choisit Paris comme base U.E.

L’industriel des équipements mobiles et réseaux originaire de Shenzhen, fournisseur de France Télécom, a retenu Paris, où il débute un ‘roadshow’. De là, grâce à des coût de 30% inférieurs à la concurrence, il compte bien conquérir l’Europe

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Nous ne nous comparons pas à Cisco, ni à Alcatel ou Ericsson (des clients OEM), ni à Nortel, ni à nos compatriotes Huawei« , explique avec un léger sourire Cheng Lin, directeur général de ZTE Europe de l’Ouest. Ce cadre dirigeant chinois, qui s’exprime dans un français limpide, connaît bien la France: ancien étudiant en France, ancien élève de Télécom Paris (ENST), il a débuté sa carrière chez Thomson (2 ans) puis à la SAT (9 ans) avant de retourner en Chine. En 2004, il a été embauché au sein du groupe ZTE, qui l’a envoyé diriger les opérations en Europe (siège à Boulogne, 92). Car ZTE, fort de ses premiers grands contrats de référence (dont France Télécom), affiche de sérieuses ambitions à l’international dans les télécoms, mobiles, d’abord, et fixes (xDSL). En 2008, l’export devrait représenter 50% des commandes qui pourraient alors totaliser 10 milliards de dollars, a expliqué Mme Feng Rong, vice-président du groupe, en visite à Paris. Le portefeuille industriel de ce groupe, coté depuis un an à la Bourse de Hong Kong, est vaste. Il a facturé 3 milliards de dollars en 2004 (« environ » et ses commandes ont été de 4,1 milliards, en progression annuelle de +35%, dont 1,6 milliard hors Chine). Il compte 25.000 salariés. Une offre qui se veut « bout en bout » » Son offre va des équipements d’infrastructure de réseaux de mobiles, jusqu’aux terminaux, téléphones portables, sans oublier les équipements d’accès à Internet, les commutateurs DSLAM des boucles locales télécoms, jusqu’aux modems ADSL. Difficile de cerner le périmètre de ce géant, équipementier en télécoms, né en 1984 à Shenzhen, cette extension fébrile et industrielle de Hong Kong en Chine populaire. Ce groupe est en effet capable de lancer en production des séries d’équipements ‘customisés’ (adaptés au besoin des clients opérateurs, notamment) en très gros volume, avec un avantage prix de l’ordre de -20 à -30%, sans négliger le service… C’est ainsi que France Télécom s’est fourni chez lui pour des centaines de milliers de modems et d’équipements xDSL. « ZTE n’est pas un concurrent de Cisco, il n’est pas, à la différence de Huawei, sur le créneau des routeurs« , confirme Jean-Luc Popovics, responsable marketing et ‘business development’ de ZTE Western Europe, depuis quelques mois. Son collègue, directeur commercial est un ex-Lucent France, Dominique Kraut. Dans l’organigramme du groupe, apparaissent 6 divisions majeures: -network, -mobile, -CDMA, -multi-products -data product -mobile handset (terminaux mobiles / téléphones portables): le groupe fabrique déjà en OEM, tout comme son concurrent TCL (OEM d’Alcatel, notamment), mais « très prochainement« , il envisage de commercialiser des terminaux mobiles sous sa propre marque. Il fournit également des cartes PCMCIA 3G, à Telecom Italia, par exemple (en concurrence avec Lucent). Sur le terrain, l’activité du groupe s’est développée sur 3 axes: les infrastructures mobiles (2,5 et 3 G); les équipements télécoms fixes (commutateurs DSLAM, accès xSDL…) ; les terminaux. ZTE se déclare 3è fournisseur mondial de modems ADSL, avec 12 millions de lignes. Une stratégie fondée sur la convergence 3G/ IP

Le slogan de ZTE Corp, c’est « Let’s 3G »… De façon pragmatique, le groupe appuient ses développements de R&D sur ses nombreux partenariats avec les opérateurs en Chine et dans le monde : 150 opérateurs clients. Depuis Paris, ZTE va notamment assurer le suivi de ses relations avec France Télécom, mais également Telefonica, Portugal Telecom. Ces opérateurs ont contribué à lui ouvrir de vastes marchés en Amérique Latine (Brésil, notamment), et au Maghreb également. Les gros contrats OEM d’équipementiers ont été signés avec Marconi, Alcatel, Ericsson, notamment. Car ZTE produit tous les équipements d’infrastructures mobiles mais également ceux sur fibre optique (DWDM, réseaux métropolitains avec technologies MSTP ou MAN OADM…). Tous les standards mobiles sont au catalogue: GSM/ GPRS, UMTS, CDMA (avec EV-DO), CDMA 2000 et les variantes chinoises PHS et TDS-CDMA. En revanche, pas encore de mention du futur HSDPA… ZTE préfère parler du B-3G, les accès radio WiMax; l’industriel est cofondateur avec Intel du Forum WiMax, dont la version 16d, disponible avant fin 2005, sera intégrable à des infrastructures 3G/UMTS. Parmi ses références clés, le groupe cite l’opérateur national roumain PosTelecom qui a adopté son ‘softswitch’,  »

premier réseau de type NGN au monde » (réseau de convergence mobile 3G / IP P2P) L’équipementier se flatte également d’avoir installé le premier HLR (suivi des abonnés, fixes/mobiles) pour réseau fixe 3G en Chine. En clair, l’enjeu c’est « la gestion des commandes des plates-formes multi-services » (ou iHLR, NMS, BOSS, au dessus des équipements superviseurs des réseaux ou ‘softswitchs’). ZTE possède déjà un centre de R&D orienté mobiles 3G à Stockholm (Suède). Il envisage d’en ouvrir un second prochainement. Ce pourrait être à Poitiers, car c’est la ville, avec son Futuroscope, qui a été retenue par les autorités chinoises pour le démarrage d’un programme de 14 universités chinoises « confuciennes » dans le monde (*). Il existe déjà un partenariat entre l’université technologique de Poitiers et celle de Nanchang -laquelle fournit beaucoup de techniciens et ingénieurs à ZTE (province de Jiangxi: lire notre reportage ‘Linux’, par ailleurs). (*)NDLR: en hommage au sage religieux et philosophe Confucius ou Koug-Fou-Tseu, ou encore KongFuzi (551-479 av. J.C.), qui a forgé le principe d’un Etat harmonieux où les citoyens puissent vivre en conformité avec la vertu.