Les blogs passent de la résistance à la participation

Christophe Grebert, fondateur du blog monputeaux.com, passe de la résistance
à la proposition, en créant puteaux.org. Une annonce qui a élargi le débat
organisé par Agoravox, le 24 mars

Les blogs représentent-ils un outil de résistance locale ?

Christophe Grébert, dont le blog monputeaux.com a donné du fil à retordre à l’équipe municipale de la ville, a élargi le débat organisé par Agoravox, le média participatif, ce 24 mars à Saint Denis.

Ce bloggeur patenté a en effet annoncé la création de puteaux.org, où il invite les habitants de la ville, ainsi que le reste des Internautes, à élaborer ensemble leurs propositions pour bâtir un nouveau Puteaux.

Et ce, dans les perspectives des élections municipales de mars 2008. Christophe Grenet est connu pour avoir écopé moult procès, visites d’huissiers, et convocations dans les commissariats : le contenu de son blog déplait souverainement à l’équipe municipale.

Avec l’ouverture de ce nouveau site, il passe de la contestation à la proposition. « Il reste difficile pour un citoyen de prendre la parole » témoigne-t-il. « Certains renoncent à cause des pressions locales « 

La ligne du parti

Néanmoins, le blog est devenu un espace de liberté pour les acteurs du monde politique. Deux personnalités très différentes en témoignent, lors du débat.

Pour Alain Lambert, ancien ministre délégué au budget et sénateur de l’Orne, comme pour Quitterie Delmas, jeune membre du bureau politique de l’UDF, le blog représente un moyen de conserver une certaine autonomie vis à vis de leurs partis.

Et, pour la jeune pousse de l’UDF, « cela permet de bousculer un peu les hiérarchies établies . Dans les partis, les jeunes sont perçus comme une menace pour ceux qui sont en place ».

L’ancien ministre souligne, lui, la possibilité de parler d’autres thèmes que ceux qui relèvent strictement de sa compétence, ainsi que celle « de se dégager de la contrainte des médias, qui décident de l’actualité ». De plus, conclut-il , « Internet va dans le sens de la transparence ».

Liberté et vérité

Et c’est bien dans cette optique qu’Anticor, une association d’élus de tous bords qui se mobilisent contre la corruption, utilise cet outil, explique sa représentante, Severine Tessier. « Internet permet aux divers groupes locaux de mieux fonctionner, de libérer la parole. En ce sens, c’est un outil pour le combat citoyen, et il permet de médiatiser ses actes. »

Mais Internet et les blogs ne sont pas toujours instrument de vérité. C’est le point de vue de Philippe Bilder, un avocat pourtant inquiet de voir la liberté d’expression « se réduire comme peau de chagrin ». Or, même si les blogs lui semblent un bon moyen pour outrepasser la « réserve des médias « , le principe de liberté ne doit pas s’affirmer au dépend de la vérité sur le net.

C’est également l’opinion de Tristan Mendès-France, journaliste et écrivain. Son blog lui a servi pour inaugurer un reportage de type participatif.

Exemple : son documentaire au Cambodge, sur le traitement de la mémoire du massacre par les khmers rouges. Le journaliste a construit son projet en fonction des questions posées par les internautes sur son blog,  » sur place, cela a un peu fait avancer les choses », évalue-t-il. Néanmoins, Internet  » permet de faire circuler les pires rumeurs. Les sites révisionnistes y pullulent, par exemple ».

La raison pour laquelle Sandrine Tessier plaide pour « une bataille culturelle, qui permette de forger l’esprit critique des Internautes ».