Les conversations sur Skype seraient surveillées en Chine

Près d’un million de messages seraient censurés et envoyés vers un serveur distant chargé de collecter les informations personnelles des rédacteurs

L’espionnage d’internautes, dénoncé par les organisations de défenses des droits de l’homme est une pratique courante en Chine. Cette fois-ci, la source d’inquiétude n’est autre que Tom-Skype, un service de messageries et de VoIP issu de la coentreprise créée en 2005 par Skype (groupe eBay) et Tom Group, un opérateur chinois.

Selon le New York Times, détenteur d’un rapport réalisé par une association canadienne et un groupe de chercheurs en sécurité, les conversations des utilisateurs via la messagerie instantanée de Tom-Skype seraient surveillées.

Le groupe de chercheurs aurait ainsi découvert la présence de plus d’un million de messages censurés dans un réseau de 8 ordinateurs localisés en Chine. A partir de ces messages, les chercheurs ont été à même de reconstituer une liste de mots « interdits » et étroitement surveillés par Pékin.

Ainsi, les messages relatifs au Falun Gong (une mouvance spirituelle interdite en Chine), l’indépendance de Taiwan, le partie communiste chinois, les mots « démocratie », « tremblement de terre » et « poudre de lait » seraient immédiatement repérés.

Chaque message comportant un ou plusieurs de ces termes est ainsi bloqué par un logiciel présent dans l’application Tom-Skype et envoyé à un serveur distant. Les serveurs enregistrent également des informations sur le rédacteur du mail.

Le système d’enregistrement ne semble pas limité aux conversations entre utilisateurs de Tom-Skype en Chine. Le logiciel d’espionnage enregistrerait également les conversations des utilisateurs chinois avec les utilisateurs hors de Chine.

Pour les chercheurs, la possibilité de voir la société Tom Group collaborer avec les autorités est bien réelle.

Sollicité par la rédaction de silicon.fr, Skype France a précisé que « le logiciel developpé et distribué en Chine par TOM utilise les fonctionnalités de Skype. TOM, comme tout autre entreprise de télécommunication en Chine fonctionne en conformité avec les lois chinoises« .

Le service de VoIP rappelle qu’en 2006, il avait publiquement révélé que TOM avait mis en place un filtre capable de « bloquer certains mots utilisés lors des conversations des internautes (…) mais ce dernier n’a jamais représenté un danger pour la vie privée des utilisateurs. »

« Nous avons appris cette nuit que le [filtre avait été modifié] sans le consentement d’aucune des parties concernées. Nous en somme profondément désolés. Avec Tom, nous travaillons pour trouver une solutions ».

Cette nouvelle affaire montre que les autorités chinoises tiennent à conserver le contrôle de la Toile, des recherches effectués sur les serveurs jusqu’aux conversations privées des internautes.

Et une fois de plus, une entreprise américaine est concernée. Pour mémoire, le portail Yahoo avait été vertement tancé l’année dernière par des membres du Congrès américain pour une collaboration avec Pékin qui avait entraîné l’emprisonnement d’un journaliste chinois.