« Les entreprises analysent moins de 20 % de leurs données utiles »

Jean-Pascal Ancelin, directeur France d’Information Builders, nous explique son interprétation de la concentration du marché de la BI et sa vision de l’évolution des offres. Il explique pourquoi sa société indépendante a encore un bel avenir

Que pensez-vous de la concentration actuelle du marché de la BI ?

Cette concentration du marché est très orientée “power user” ou ERP, mais pas forcément sur les possibilités de déploiement, qui reste une de nos forces majeures. Par exemple, le Crédit Mutuel utilise notre solution WebFocus pour diffuser du reporting sur mesure à 75.000 utilisateurs, y compris dans toutes les agences de l’Hexagone. De même, Airbus utilise Business Objects, mais recourt à WebFocus pour la diffusion en volume.

Société indépendante privée depuis 1975, Information Builders compte de nombreux clients très importants en Europe et aux États-Unis autant de sa solution de BI opérationnelle WebFocus, et souvent en complément de Business Objects ou de Cognos. Dans ces entreprises nous apportons des fonctions de diffusion de masse sur une infrastructure matérielle solide, sous Unix, Linux, Windows, ou autre. D’ailleurs, nous avons conclu un accord avec IBM pour composer une offre à base de serveurs iSeries fournis avec IBM Web Query (en fait Web Focus) et DB2, qui seront revendus par IBM et ses revendeurs, et ce, malgré le rachat de Cognos. Ne vous sentez-vous pas un peu seul en tant qu’éditeur indépendant face aux nouveaux mastodontes de la BI ?

Notre offre nous préserve. En effet, nous ne rencontrons pas de problèmes d’intégration sur nos produits… Notre ESB iWay Service Manager répond efficacement aux besoins de reporting et de BAM (Business Activity Monitoring ou suivi de l’activité de l’entreprise en temps réel). Et WebFocus permet de réaliser reporting opérationnel (avec les données pertinentes) performant envoyé vers tous les managers ou décideurs, mais aussi vers les clients, partenaires ou fournisseurs.

Information Builders est positionné sur l’infrastructure avec WebFocus et sur l’intégration avec iWay pour la BI opérationnelle avec des accès en mode natif et en temps réel. Nous sommes moins sur la consolidation financière, que d’autres produits réalisent très bien, même si nous proposons des offres. Or, chez les grands clients, les demandes concernent de plus en plus le BAM en temps réel, surtout dans un contexte de fusions-acquisitions pour lesquelles l’hétérogénéité nécessite une bonne intégration.

Selon vous, quel est le levier principal de la démocratisation de la BI ?

La démocratisation de la BI nécessite une simplicité d’utilisation extrême, en préservant la richesse fonctionnelle. La BI opérationnelle s’adresse aux utilisateurs à distance, qu’il faut adresser le plus simplement possible. Et, Information Builders peut concevoir des applications décisionnelles self-service pour ses clients, avec son propre langage, rapide et efficace. De plus, elles proposent une ergonomie simple, et des interfaces ne nécessitant aucune formation. Ces applications proposent des rapports et tableaux de bord dynamiques fonctionnant même en mode déconnecté. Sans aucun plug-in (HTML), l’utilisateur peut naviguer dynamiquement dans ses rapports, et même les exporter au format Excel ou PowerPoint pour effectuer des présentations. Bien entendu, ces fonctions sont disponibles sous tout type de terminal, PC, PDA, etc.

Estimez-vous que la Bi deviendra bientôt un service de base (utility) des progiciels et bases de données, et disparaîtra en tant que segment distinct?

Les ERP et les solutions de consolidation financière intègrent toutes de la BI depuis quinze ans. Malgré tout, les entreprises clientes de ces solutions finissent par accumuler les outils décisionnels, et en arrivent à élaborer des datamarts pour récupérer des données dans ces diverses applications décisionnelles, au détriment de leurs fonctions BI. Si on continue ainsi, l’histoire se répétera, et l’on se retrouvera dans la situation des silos applicatifs non communicants et il faudra alors consolider à nouveau… En fait, le challenge majeur de l’entreprise est le suivant: Comment faire en sorte que mes employés opérationnels accèdent à l’information, puissent réaliser des comparaisons et alimenter le système décisionnel. Une étude menée auprès de nos clients révèle que les entreprises analysent moins de 20 % de leurs données utiles. Et à peine 10 % des entreprises ont démocratisé la Bi auprès de leurs décideurs et managers. Il reste donc encore du chemin à parcourir.

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