Les entreprises françaises s’intéressent au SD-WAN… sans le savoir

Seules 10% des entreprises françaises ont entendu parler du SD-WAN. Mais 22% sont prêtes à déployer les fonctions de pilotage automatisé de leur réseau.

Si le SDN (Software Defined Networks) a trouvé le chemin du datacenter et des infrastructures télécoms, le pilotage logiciel du réseau reste visiblement encore à l’écart des entreprises. Pourtant, le WAN s’inscrit comme un élément central de la transformation numérique des organisations professionnelles. « Les attributs SDN dans le WAN peuvent répondre aux problématiques que le DSI ou le responsable réseau rencontre avec le WAN », assure Thomas Desrues, directeur général de Juniper Networks France. Encore faut-il avoir une idée de l’appétence des entreprises pour la technologie de décorrélation du plan de contrôle et du plan de données.

Thomas Desrue, directeur général de Juniper Networks France
Thomas Desrues, directeur général de Juniper Networks France

C’est ce qu’a cherché à évaluer le spécialiste américain des réseaux. Selon une étude commandée à IDC, qui a interrogé 200 entreprises françaises de plus de 200 personnes dans différents secteurs d’activité, la notoriété du SD-WAN est relativement faible. Seuls 10% des responsables interrogés, entre mai et juin 2016, en ont entendu parler. « Un taux en retrait par rapport aux autres pays européens et aux Etats-Unis en particulier, concède Thomas Desrues. Mais si on oriente la question autour des attributs fonctionnels que le SD-WAN permet de mettre en œuvre, c’est-à-dire un pilotage du réseau de façon automatisée et centralisée, on sent une vraie appétence pour les cas d’usages qui en résultent. » Autrement dit, l’intérêt serait là même si l’acronyme reste encore peu populaire.

Des gains de coûts difficiles à évaluer

De fait, des fonctions d’équilibrage de charges, de sécurité standard (filtrage web, pare-feu, antivirus) ou d’accélération des flux de manière automatisée suscitent plus de 50% de personnes intéressées, rapporte l’étude. L’augmentation de la qualité de service et de la disponibilité attire l’attention de 64% des répondants, la centralisation de la gestion des fonctions réseau est souligné par 57% d’entre eux. Presque autant (52%) est attiré par l’augmentation de la réactivité que permettrait l’application des technologies SDN à un réseau WAN.

En revanche, l’étude remonte très peu les aspects coûts, de mise en place ou d’économie de fonctionnement, propres au SD-WAN. « Les cas d’usage de réseau hybride, soit la capacité des entreprises à basculer entre réseaux IP VPN et accès Internet local, et les économies qu’on peut en attendre, ressortent de façon importante dans le sujet SD-WAN », nuance le dirigeant. Mais paradoxalement, la notion de coût s’inscrit parmi les freins à l’adoption rapide du modèle. Une notion d’autant plus problématique qu’elle est difficilement mesurable. « Le fait que ce ne soit pas le premier gain recherché est assez lié avec ce que nous disent un certain nombre de grands utilisateurs, notamment les opérateurs, qui ont beaucoup de mal à chiffrer les optimisations de coût, que ce soit dans le WAN ou le datacenter, assure notre interlocuteur. Ce n’est dans tous les cas jamais le premier moteur de transformation. » Agilité, nouveaux services s’inscrivent comme les maîtres mots, avant les notions budgétaires donc.

Un déficit de formation

Si le SD-WAN est peu connu des répondants (10% pour mémoire), ils sont deux fois plus nombreux (22%) à envisageraient de déployer un « projet de SDN appliqué au WAN » d’ici deux ans s’ils trouvaient l’ensemble des fonctions réseau souhaitées dans un service facilement pilotable via un portail. Un taux qui monte à 28% dans les grandes entreprises qui disposent inévitablement d’équipes plus étoffées pour réfléchir à ces questions que les PME. Et 45% des entreprises seraient également prêtes à tester de telles solutions. « Il y a donc des gens qui réfléchissent au SD-WAN sans le savoir », se réjouit Thomas Desrues. Qui admet néanmoins que « c’est encore assez faible ». Il restera à voir si ce taux progresse dans les mois qui viennent. Des initiatives comme le SD-WAN Summit, qui déroule ses conférences à Paris durant trois jours jusqu’au 22 septembre, y travaillent. Mais l’adoption passe aussi par la formation. « Il faut s’assurer que les entreprises disposent des compétences internes pour basculer dans ce nouveau monde et, selon nous, il y a encore du travail à faire en matière de formation », analyse le dirigeant.

Le porte-parole de Juniper reste néanmoins optimiste. Selon l’étude, deux-tiers des répondants envisageant l’adoption du SD-WAN sont dans une logique d’adossement à un opérateur télécoms dans le cadre d’une offre industrielle. « Essentiellement les petites structures », précise Thomas Desrues. Le reste, plutôt les grandes entreprises, se partage entre la recherche d’une offre opérateur sur mesure et un mode intégré, bien que managé, même s’il faut passer par un intégrateur pour développer la solution. « On sent que les opérateurs de services ont un rôle important à jouer en apportant une capacité à faire du réseau hybride avec la brique IP MPLS. » Et de rappeler que la récente solution Cloud-Enable Branch de l’équipementier s’adapte aussi bien aux entreprises qu’aux fournisseurs de services souhaitant se tourner vers le SD-WAN.

Un dernier chiffre : selon IDC, le SD-WAN devrait générer 6 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans le monde en 2020. De quoi conforter l’optimisme de Juniper.


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