Les nouveaux défis du BlackBerry

Son fabricant, RIM, doit se préparer à affronter une concurrence de plus en plus agressive

Chez Research In Motion, le fabricant canadien du célèbre BlackBerry, on remet les compteurs à zéro. L’épais dossier du conflit avec NTP est enfin refermé contre un arrangement à l’amiable de plus de 612 millions de dollars (lire nos articles). RIM est donc aujourd’hui prêt à repartir de l’avant.

Car le groupe est à la croisée des chemins. Certes, son terminal star est toujours un succès. Il compte plus de 5 millions d’utilisateurs dans le monde (70% aux Etats-Unis), et est passé devant Palm sur le segment des PDA. Mais les derniers résultats de la firme illustrent un léger ralentissement. Au dernier trimestre, le taux d’abonnement a été inférieur aux attentes tandis que les objectifs ont également été revus à la baisse. RIM ne table plus que sur 675.000 nouveaux abonnés au premier trimestre (contre 700.000 attendus par les analystes) et sur un chiffre d’affaires compris entre 580 et 610 millions de dollars contre 625 précédemment annoncés, rappelle la Tribune. La faute au dossier NTP, qui a fait hésiter les consommateurs, mais aussi et surtout à une concurrence de plus en plus active. Les géants du secteur multiplient des solutions similaires à celles qui ont fait le succès de RIM: le push e-mail. Microsoft a ainsi ajouté cette fonction à son système d’exploitation pour mobile Windows 5.0 via une mise à jour gratuite ‘Messaging and Security Feature Pack‘. Après avoir douté et même dénigré le système mis au point par le canadien, Microsoft a dû se rendre à l’évidence. Le ‘push e-mail’ est une attente forte des utilisateurs, qu’ils soient professionnels ou pas. HP commercialisera ainsi un nouvel iPaq (pocket PC communicant, à clavier), le 6900, qui intégrera nativement Windows Mobile 5, la fonction ‘push-email’. Surtout, Microsoft a passé un accord avec Vodafone et T-Mobile. L’opérateur proposera une gamme d’appareils Windows Mobile 5.0 intégrant la technologie Direct Push auprès des grands groupes et des PME de France, d’Allemagne et d’Angleterre. Ce service sera également proposé courant 2006 aux entreprises clientes des autres pays. De son côté, Nokia a lancé Nokia Business Center. « Nous voulons faire sortir le courrier électronique de la sphère des dirigeants et des forces de vente », a déclaré Dave Grannan, patron de l’activité du fabricant finlandais. A la différence de Blackberry, compatible avec la plupart des réseaux d’opérateurs mais pas avec tous les combinés, Nokia indique que sa solution est ouverte à une plus large gamme de téléphones. En l’occurrence les Series 60, Series 80, et bientôt Windows Mobile. Par ailleurs, elle se veut universelle en se basant sur le langage Java, massivement utilisé en téléphonie. Les ambitions sont claires: selon Scott Cooper, vice-président des solutions mobiles de Nokia Enterprise Solutions, le constructeur « obtiendra la première place du marché des terminaux de push e-mail en 2008 ». « Nous avons de très grandes ambitions et ce marché est stratégique pour nous », ajoute-t-il. Cette concurrence acharnée ne semble pas faire peur à RIM. « Nous sommes sereins », nous expliquait Dany Bolduc, directeur des relations commerciales France et Benelux de RIM. « Les opérateurs nous font confiance et nous signons des accords à tour de bras », souligne-t-il. Néanmoins, le constructeur a compris qu’il fallait innover pour contre-attaquer. RIM a désormais les mains libres, son conflit avec NTP étant bouclé. Il y a d’abord les nouveaux terminaux, dont le 8700, qui devrait être décliné à la sauce 3G dans les prochaines semaines. Ce lancement stratégique pour RIM était attendu. Car la troisième génération de téléphonie mobile, lancée depuis presque un an et demi, est présentée par les opérateurs comme LA solution des professionnels en mobilité. Par ailleurs, selon la Tribune, RIM a multiplié les achats de technologies et devrait lancer des terminaux intégrant un appareil photo et un baladeur musical. Il s’agit d’élargir la clientèle du BlackBerry en adressant le grand public. Une stratégie qui s’est déjà concrétisée avec la signature d’accords avec certains géants du Web. Le moteur de recherche de Google et les services de Yahoo comme le mail et la messagerie instantanée seront directement intégrés dans les prochains terminaux de la firme.