Les start-ups préfèrent la vente à l’IPO

Ces derniers mois laissaient penser à une nouvelle vague de mouvements boursiers, initiés en Asie. Finalement l’ampleur du mouvement risque d’être faible, les fondateurs des start-ups préférant vendre leurs entreprises plutôt que les rendre publiques

Le mouvement est particulièrement sensible aux Etats-Unis où les patrons de start-ups privilégient le contact avec des investisseurs et des grandes entreprises afin de se faire racheter, alors que pour eux le moment serait venu de préparer leur IPO (

initial public offering, entrée en Bourse). L’implosion de la bulle spéculative laisse encore des traces profondes. L’entrée en Bourse n’est plus l’objectif visé par les entreprises, une démarche jugée particulièrement stressante, alors que la vente se présente au contraire comme une approche logique qui s’inscrit dans une continuité, et non plus une rupture. La tendance est confirmée par les structures de capital risque. L’IPO ne figure plus dans le langage de la majorité des chefs d’entreprises. D’autant qu’à la vague internet a succédé une autre vague, sans doute plus culpabilisante et déstabilisante, celle des scandales entraînée par les affaires Enron et Worldcom, et celles qui ont suivi, même si aux Etats-Unis la possibilité de négocier avec les autorités a permis d’éviter à certaines affaires d’être rendues par trop publiques. Depuis, un autre phénomène est venu alourdir la perception du capital ‘public’ ! Le Sarbanes-Oxley Act, qui en imposant de nouvelles règles de gouvernance, a aux yeux de nombreux patrons d’entreprises fragilisé leur poste en les responsabilisant sur la gouvernance et les résultats comptables de leurs sociétés. Le risque n’est plus porté seulement par l’entreprise, mais c’est désormais leur réputation qui est en jeu, ainsi que leur patrimoine personnel? Pour les fonds d’investissements, la nouvelle stratégie de sortie des créateurs d’entreprises n’est pas forcément un mauvais choix, et le retour sur investissement de capitaux peut se révéler si ce n’est plus rentable, au moins plus sûr. D’ailleurs, ces fonds américains qui jusqu’à présent estimaient que 30% à 40% de leur portefeuille pourrait basculer sur un appel aux fonds publics, estiment que ce chiffre pourrait être ramené à 10% à 15% dans l’immédiat. Le retour sur investissement risque de devenir plus long ! Pour le chef d’entreprise aussi le choix de la stratégie de sortie n’est pas anodin. L’IPO se résume souvent par gagner moins, être plus surveillé et prendre plus de risques ! Lorsque par exemple de gros investisseurs institutionnels prennent un majorité de contrôle dans une société, ils occupent généralement des sièges stratégiques au sein du conseil d’administration, et très rapidement tentent d’imposer leur vision stratégique et financière du marché. Nombre de fondateurs d’entreprises et CEO se sont ainsi fait piéger à la suite de l’ouverture de leur capital, éjecter serait d’ailleurs un terme plus adéquat pour décrite la course de leur présence dans l’entreprise qu’ils ont pourtant créée, et où ils souhaitaient généralement et logiquement prolonger leur activité. Maintenant, il faut aussi faire un constat simple : dans le passé, beaucoup d’entreprises ont choisi l’IPO, tout simplement parce que le marché le permettait. Aujourd’hui, les conditions du marché ne sont plus les mêmes, et les entreprises se voient contraintes de s’en écarter? D’ailleurs, une tendance inverse émerge avec des entreprises qui cherchent à racheter une part de leur capital afin de redevenir privées ! Et ce qui est bon pour les créateurs et chefs d’entreprises ne l’est pas pour tout le monde, en particulier pour les hommes de lois américains, dont la rémunération est généralement indexée sur le montant des fonds levés, mais surtout pour banques, car les entrées en Bourse sont un important moyen de recycler du cash?