Les syndicats des opérateurs portent plainte contre Free Mobile

Les syndicats des trois opérateurs mobiles ont saisi le régulateur. Ils lui demandent de vérifier si Free Mobile respecte ses engagements en matière de couverture réseau. Et demandent des sanctions dans le cas contraire.

« Nous avons de fortes inquiétudes quant au niveau d’investissement réalisé par Free Mobile dans son réseau et à la couverture qui en résulte. » Inquiétudes qui ont poussé les syndicats CFE-CGC et UNSA des trois opérateurs mobiles (France Télécom-Orange, SFR et Bouygues Telecom) à saisir l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes). Les représentants des salariés ont en effet des doutes sur le fonctionnement du réseau du nouvel opérateur mobile.

Alors que le réseau de Free mobile est tenu, par le cahier des charges, de couvrir 27 % de la population pour les services voix (GSM) et 25 % de la population pour la donnée (2G/3G) à son lancement (taux qui montera respectivement à 75 % et 69 % en 2017 puis 90 % et 83 % en 2020), « tout porte à croire que, depuis le lancement de ses services, Free Mobile a dégradé la couverture de son réseau », déclarent les syndicats dans leur communiqué commun. Selon eux, « Il semblerait que Free Mobile ait paramétré ou éteint ses équipements dès le lancement commercial de ses offres (donc postérieurement aux mesures effectuées par l’Arcep) pour basculer sur le réseau de son opérateur hôte (Orange) de façon à pouvoir faire face à la montée en charge de ses services ».

« Nous voulons de l’investissement et de l’emploi »

Pour l’heure, Orange n’a pas communiqué officiellement ses propres statistiques sur l’utilisation de son réseau. « Nous ne connaissons pas les données d’Orange, confirme à Silicon.fr Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC/UNSA France Télécom-Orange, mais il suffit de se promener dans la rue avec son propre téléphone pour constater que le réseau de Free mobile est difficile à trouver. »

Les syndicats demandent donc au régulateur d’effectuer des mesures de réseau en charge, c’est-à-dire de vérifier que l’accès au réseau mobile de Free est disponible pour 25 % de la population à toute heure de la journée. Dans le cas contraire, Free pourrait subir des sanctions. Cela pourrait se traduire par une amende, une obligation de se mettre en conformité avec le cahier des charges, voire une rupture de contrat avec Orange au risque que les abonnés Free se retrouvent sans services mobiles du jour au lendemain. Cas ultime qui reste néanmoins peu probable, selon le représentant syndical.

Ce n’est pas tant la suppression d’un concurrent agressif que la destruction de valeur et d’emploi que craignent les opérateurs et leurs syndicats. « En l’absence de boutiques et avec des téléconseillers au Maroc, Free se comporte comme un super MVNO [opérateur mobile virtuel, NDLR] » qui lui permettrait alors d’appliquer les tarifs hyper compétitifs que l’on connaît (et sur lesquels s’est néanmoins aligné Bouygues Telecom avec son offre B&You). Avec le risque que les départs massifs des abonnés des trois opérateurs mobiles historiques vers le nouvel entrant ne provoquent des suppressions d’emploi. Lesquelles pourraient être annoncées « après la présidentielle ». L’affaire Free mobile, un thème de la campagne électorale ?

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