Les TIC pèseront lourd dans la politique des territoires

Les technologies de l’information déterminent lourdement l’attractivité des collectivités. Mais qu’en est il de l’aménagement du territoire ? Débat aux rencontres de la modernisation de l’Etat

Les technologies de l’information structurent –ou devraient structurer, « la politique des territoires », d’après la table ronde sur ce sujet organisée dans le cadre des rencontres de la modernisation de l’Etat et des acteurs publics, ce 9 juillet à Paris.

« Les territoires sont en compétition les uns avec les autres. C’est un constat à accepter. Et la compétitivité de l’Ile de France s’analyse par rapport à celle de la Bavière et à la Catalogne ». Tel est le constat que dresse Serge Bergamelli, directeur du département développement numérique des territoires à la Caisse des dépôts et consignations. Et, dans cette compétition, les enjeux numériques pèsent lourd. « Un élu qui veut avoir des entreprises sur son territoire doit rendre ce dernier attractif sur le plan numérique » précise Serge Bergamelli.

Constat partagé par Philippe Vigier, député d’Eure et Loir, pour qui ceci pose la question de l’aménagement du territoire. « Les fractures entre les territoires se sont aggravées, comme on le constate avec le haut débit. Chez nous, nous n’avons pas l’Adsl » souligne celui qui est également maire d’une petite ville. « Le défi de la fracture numérique est devant nous, surtout avec l’énergie chère et le développement du télétravail », ajoute-t-il.

Bruno Janet, conseiller spécial du président de France Télécom et directeur des relations avec les collectivités locales, tempère le propos en rappelant le rôle de l’opérateur historique qui, en quatre ans, a fait passer la proportion de français « connectables » de 50 à plus de 98%. Posant la question de la modernisation de l’Etat, il souligne la nécessité de réinventer le service public grâce aux nouvelles technologies, par exemple via des points visio publics, « qui permettent de remettre du service public là où il n’y en plus ». Un point de vue soutenu par Serge Bergamelli pour qui « il faut penser la modernisation en intégrant cette dimension, qui contribue également à l’attractivité des territoires ».

Qui paie ? Reste à savoir qui paie, et qui pilote. Pour Philippe Vigier, avec le découpage de la carte judiciaire et le projet de fermetures de casernes, « on redécouvre une attente d’aménagement du territoire ». Serge Bergamelli estime, lui, qu’en matière de politique numérique, « cela ne peut pas se décider à Paris » et invite les territoires à la coopération. Sur le chantier du très haut débit, estimé à 40 milliards d’euros, « c’est aux collectivités d’aller là où les opérateurs n’iront pas », suggère Bruno Janet, qui propose des partenariats. Et, de fait, pour les infrastructures tel le TGV Est, les collectivités ont déjà du mettre la main au portefeuille, comme le rappelle Philippe Vigier. Quant au déploiement de projets d’administration électronique, ils lui semblent difficilement applicables partout, quand les plus petites communes ont 3000 euros à dépenser dans l’année. « Il faut revoir la péréquation entre les territoires riches et pauvres » conclut-il.

Alors qu’Eric Besson avait précisé, lors du lancement des Assises du numériques, qu’il ne disposait d’aucun budget pour financer le plan pour le développement de l’économie numérique, le financement du très haut débit et de l’administration électronique locale pourrait bien retomber sur les collectivités locales.