Leslie Sobon (AMD): «Nous optimisons notre roadmap sur le marché du mainstream»

Avec l’arrivée de Bobcat, qui combine CPU et GPU, AMD part enfin à la conquête des netbooks. Mais aussi des notebooks et PC de bureau dans une optique d’apporter aux utilisateurs les nouvelles génération d’interfaces de communication visuelle. Le point avec Leslie Sobon, responsable marketing produits monde.

Après l’informatique bureautique puis à l »Internet, l’heure est aujourd’hui à la haute définition, aux interfaces 3D, au tactile, à la reconnaissance faciale, aux expériences web riches… Bref, une ère de communication visuelle à laquelle les processeurs centraux peinent à répondre efficacement. Un terrain sur lequel AMD a progressé ces dernières années avec sa stratégie Fusion et dont les premiers résultats commencent à émerger.

Pour mémoire, initié à la suite du rachat d’ATI en 2006, Fusion vise à réunir CPU et processeur graphique (GPU) sur un même morceau de silicium sous architecture x86. Le résultat se concrétise aujourd’hui à Sunnyvale par la puce Bobcat qui donne pour l’occasion naissance à une nouvelle dénomination: APU pour accelerated processing unit. Bobcat se déclinera en Ontario et en Zacate. Avec une consommation de 9 Watt, le premier se destine aux netbooks, notebooks d’entrée de gamme et systèmes embarqués tandis que le second et ses 18 W vise les notebooks de milieu et haut de gamme et les PC de bureau.

AMD : le processeur APU Zacate (à droite) comparé au Phenom II (à gauche)
AMD : le processeur APU Zacate (à droite) comparé au Phenom II (à gauche)

La production de Bobcat sera initiée en fin d’année. Les premiers produits équipés arriveront sur le marché au cours du premier trimestre 2011. Une nouvelle génération de puces qui ouvre la voie à de nouveaux design matériel (des PC portables doté de la reconnaissance faciale en standard par exemple) pour une consommation électrique toujours plus optimisée.

«Les développeurs n’auront plus à choisir entre GPU et CPU»

Cette nouvelle architecture permettra à AMD de s’attaquer à un marché jusqu’alors réservé à Intel et ses processeurs Atom: le netbook. Les constructeurs devraient accueillir favorablement cette nouvelle composante qui leur permettra de proposer des alternatives à l’offre d’Intel. De même, le processeur supporte des standards graphiques DirectX11 (Microsoft) et l’OpenCL 1.1. « Avec Bobcat, les développeurs n’auront plus à choisir d’optimiser leurs applications (au-delà du jeux vidéo) pour le GPU ou le CPU », se réjouit Leslie Sobon, vice présidente et responsable marketing produits monde chez AMD.

Mais n’est-il pas trop tard pour s’installer sur le marché des netbooks alors que leurs ventes semblent décliner concurrencées par l’iPad? « Qui peut dire comment va évoluer le marché du netbook?, argumente Leslie Sobon. Les gens ont été déçus à cause du manque de fonctionnalités, ce que permettra justement l’APU. Avec Ontario, les netbooks supporteront la vidéo HD. Bobcat transformera les netbooks en notebooks ultra légers. » Et, au passage, d’enfoncer le clou sur l’avenir incertain du marché des tablettes. « Le succès de l’iPad vient d’Apple. Je ne suis pas sûr qu’un autre constructeur aurait eu le même succès. » Réponse prochainement avec, notamment, le lancement du très prometteur Galaxy Tab de Samsung.

Même si « les tablettes sont intéressantes », AMD garde pour le moment ses distances avec ce marché. Bobcat n’est d’ailleurs pas dimensionné pour ces «nouveaux» produits (dont les première tentatives, par Microsoft, remontent quand même au début de la décennie). « Bobcat est trop chaud pour pouvoir être refroidi passivement, il ne convient pas aux tablettes », avoue Leslie Sobon. La puce, en revanche, adressera sans hésitation le marché de l’embarqué, des caisses enregistreuses aux panneaux d’affichage électroniques en passant par les set-top-box et les machines à sous.

«Intel n’a pas de technologie GPU en propre»

Si, sur le papier, Bobcat dispose de tous les ingrédients nécessaires à AMD pour voler la vedette à l’Atom, Intel a promis de réagir. A l’occasion du dernier IDF de San Francisco, l’éternel concurrent a évoqué une nouvelle micro architecture en « anneau » adoptée par le futur processeur Sandy Bridge qui se concentre autour des traitements graphiques. Malgré l’annonce de la mise en production de Sandy Bridge pour le début 2011, la menace concurrentielle n’effraie pas Leslie Sobon. « Intel n’a pas de technologie GPU en propre. » Sous-entendu, le concurrent ne parviendra pas à atteindre un niveau d’intégration CPU + GPU aussi élevé que celui d’AMD. Et qu’importe son avance sur la finesse de gravure (32 nm aujourd’hui chez Intel contre 40 nm évoqués pour Bobcat). « Quel consommateur se soucie de savoir à quelle taille sont gravés les transistors? Même les geeks s’en moquent. »

Et quand bien même. La stratégie d’AMD diffère de celle d’Intel en termes d’objectif de marché. « Nous nous concentrons sur les marchés traditionnels du PC mainstream alors qu’Intel est obligé d’aborder de nouveaux marchés [comme la télévision, NDLR] pour se développer », soutient Leslie Sobon. Un marché important il est vrai : la distribution grand public compte pour les deux tiers des 300 millions de PC vendus chaque année. Et 80% des 100 millions d’unités restantes concernent les TPE PME, un secteur auquel les produits d’AMD répond parfaitement aux besoins.

Après Bobcat, la famille des APU s’élargira à Llano. Ce processeur quadri cœur (Bobcat en a 1 ou deux selon les configurations) combinant GPU compatible DirectX11 qui visera le haut du panier des terminaux clients. En ligne de mire, les expériences ludique en haute résolution et 3D. La mise en production de Llano est programmée pour le premier trimestre 2011.

Un exemplaire d'un processeur Fusion (APU) Bobcat AMD comparé aux pièces de 1 et 2 euros
Un exemplaire de l'APU AMD Bobcat Ontario comparé à une pièce d'1 euro