Liquidation de LFoundry à Rousset : un dénouement probable déjà gravé depuis des années

Le site français de LFoundry situé à Rousset, près d’Aix-en-Provence, obtient un sursis de 3 mois après que sa liquidation judiciaire ait été prononcée. Comment ce site entré dans le giron du fondeur allemand LFoundry il y a seulement 3 ans a-t-il pu se retrouver dans une telle situation ?

Le tribunal de commerce de Paris a finalement prononcé la liquidation judiciaire du site de LFoundry situé à Rousset, à proximité d’Aix-en-Provence. Mais, jeudi 26 décembre, le ministère du redressement productif d’Arnaud Montebourg annonçait toutefois avoir obtenu un sursis de 3 mois. Les trois mois obtenus par le ministre permettront peut-être de trouver un repreneur pour le site. Une cellule a d’ailleurs été mise en place pour étudier les possibilités.

Atmel pointé du doigt

Reste qu’un goût amer est dans toutes les bouches des 613 employés du site français de LFoundry. Une amertume envers Atmel, qui est directement pointé du doigt par LFoundry et ses employés pour ne pas avoir soutenu le site après s’en être séparé.

Retour en arrière : en 2010, Atmel avait vendu son site de production basé à Rousset à LFoundry. La société allemande réunissait alors toutes les garanties pour cette reprise du site français. Avec un bénéfice de 58 millions d’euros, le groupe allemand achetait alors une entreprise disposant d’actifs nets évalués à plus de 80 millions d’euros.

Atmel s’était également engagé à acheter à LFoundry pour 400 millions de dollars de produits durant 4 ans. Mais après 3 ans, la société a accéléré ses achats de wafers de sorte que ces 4 ans ont été ramenés à 3. Toutefois, Atmel précise qu’au final, l’achat pour 400 millions de dollars de wafers a bien été respecté. Respecté mais pas reconduit. Or, c’est bien là où le bât blesse. Atmel s’est en effet tourné vers des fondeurs asiatiques offrant des tarifs plus compétitifs et des technologies plus avancées.

Des process plus suffisamment avancés selon Atmel

Tout le business de LFoundry repose effectivement sur ses technologies LF110 et LF150, offrant des finesses de gravure de, respectivement, 110 nm et 150 nm (process CMOS). A titre de comparaison, le site voisin de STMicroelectronics s’appuie, lui, principalement sur une finesse de gravure de 90 nm.

La société allemande produit 30 000 tranches de silicium (wafers) par mois sous forme de MPW (Multi-Project Wafer). Sur un même wafer, plusieurs clients peuvent faire graver leur puce.

En mai 2013, LFoundry avait pourtant décidé d’acquérir un autre site de production : le site d’Avezzano en Italie, racheté à Micron (pour la production de wafers de 200 mm). Ce site bénéficie d’un partenariat avec Aptina, ancienne filiale de Micron (le fabricant américain de mémoires a conservé une participation de 35%), pour la production de capteurs d’images CMOS durant 4 ans.

Cet accord semble aujourd’hui révéler les intentions de la maison-mère allemande de LFoundry, plus axée sur une production à Avezzano que sur le maintien de l’activité à Rousset.

Wafer, Silicon – Crédit photo © Scanrail – Fotolia.com


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