Licences GSM: la polémique enfle, Bouygues affronte SFR

Les projets gouvernementaux seront connus cette semaine. Mais déjà le ton monte. Pas de cadeaux au Royaume des mobiles

On pensait que les trois opérateurs de téléphonie mobile seraient unis pour contrer les conditions financières du renouvellement des licences GSM qui doivent être remises à plat par le gouvernement avant la fin du mois.

Ces nouvelles conditions pourraient inclure un mode de prélèvement progressif en fonction du chiffre d’affaires des opérateurs, allant de 1 à 5%, ce qui représenterait jusqu’à 13,5 milliards d’euros sur 15 ans pour les caisses de l’Etat. Mais les divergences sont là : Orange et SFR ont dit au ministre de l’Economie tout le mal qu’ils pensaient de ce projet, qui viendrait effriter leurs profits, etc. Or , n’est pas le cas de Bouygues Telecom. Le troisième opérateur, dont la licence sera renouvelée un peu plus tard, estime dans la presse que, dans un marché français « déséquilibré », « un prélèvement sur les bénéfices » des opérateurs serait le système « le plus équitable » parmi les solutions qui pourraient être choisies par l’Etat. Gilles Pélisson, le directeur général de Bouygues Telecom souligne que l’écart se creuse avec les deux premiers opérateurs en termes de résultat opérationnel, le rapport étant de 6 avec Orange et de 4,3 avec SFR. Cette situation de concurrence déséquilibrée a déjà été pointée du doigt par une étude indépendante réalisée pour l’ART (Autorité de régulation des télécoms ; lire notre article). Des déclaration qui ont ulcéré la concurrence et notamment SFR. Frank Esser, directeur général de la filiale de Vivendi s’est dit « choqué » par ces propos. Bouygues Télécom « fait appel au gouvernement pour corriger l’écart de part de marché », avec Orange et SFR, a déclaré Frank Esser dans un courrier reçu vendredi après-midi. « C’est une conception très étrange du fonctionnement d’un marché lorsqu’on sait que Bouygues Télécom utilise le même spectre de fréquences que ses deux concurrents, SFR et Orange, et dispose des mêmes droits ». Et de conclure perfidement: « Bouygues demande-t-il de surtaxer TF1 [filiale du groupe, NDLR], qui dégage des profits plantureux sans payer ses fréquences, et de sous-taxer M6, qui a un chiffre d’affaires moins important ? »