Linux monte, monte encore… chez HP et ailleurs

2,5 milliards de dollars, c’est le chiffre d’affaires dégagé par Linux chez Hewlett Packard en 2003. Analyse du succès de Linux

En cumulant les ventes de serveurs, les systèmes de stockage de données, les logiciels et les services, HP annonce des ventes 2003 liées à Linux supérieures à 2,5 milliards de dollars, soit une progression proche de 40%. Cette évolution très positive du marché Linux n’est pas réservée à HP, qui confirme la tendance.

L’explication généralement donnée à la montée du système libre est liée à sa gratuité. Or, cette analyse nous paraît tenir plus du raccourci que d’une justification réelle. En effet, s’il est vrai que Windows comme Unix s’accompagnent d’un coût de licences, la gratuité relative de Linux ne représente qu’une économie marginale, car elle ne s’applique qu’à l’environnement, plus rarement aux applications, et jamais au matériel! Linux demande tout d’abord un équipement, d’autant plus onéreux que le marché des serveurs est générateur de marges pour les fabricants, et s’accompagne d’une maintenance. Quant aux applications, un logiciel répondant à la norme ‘Open Source’ n’est jamais réellement gratuit, car il demande adaptation et maintenance, toutes compétences que l’on trouve rarement dans l’entreprise. Les raisons du succès: le Web Il faut donc chercher ailleurs la cause du succès de Linux. Et tout d’abord dans le Web, où les serveurs Linux ont acquis leurs lettres de noblesse. En revanche, sur ce marché où la gratuité domine dans l’esprit des utilisateurs, la gratuité de l’association Linux + Apache + MySQL + php a véritablement facilité l’émergence de l’OS, en particulier avec la multiplication des structures locales plus ou moins dédiées. L’autre cause pourrait provenir d’une certaine lassitude pour les systèmes en place. Que ce soit pour Windows ou pour Unix, le marché reste attaché au comportement psychologique de ses acteurs, qui en période de crise recherchent la nouveauté et le changement. Les systèmes historiques, pour fiables qu’ils soient, s’inscrivent dans une continuité, alors que la régionalisation des services et le renouvellement / rajeunissement des cadres est source de changement. Autre fait: depuis quelques mois émerge une nouvelle motivation qui milite pour l’environnement Linux -politique celle là. Elle prend sa source dans les pays défavorisés comme l’Inde, la Chine, l’Asie en général et l’Amérique Latine ? là où l’économie, exsangue, cherche un second souffle et s’oppose aux modèles occidentaux animé par des règles monétaires contrôlées des Etats-Unis. Dans ces régions, l’adoption de Linux est à la fois une démarche économique de réduction des coûts, mais aussi un positionnement clair contre les multinationales américaines qui tentent de maintenir leur leadership.