L’Iran interdit le haut débit

Internet est un espace de trop grandes libertés ? Le régime des Mollahs a la
solution

L’Iran entre directement à la première place des pays bridant l’usage d’Internet. Juste devant la Chine, ou Cuba. Le Web est décidément trop dur à diriger pour certains régimes.

Le pays des Mollahs a opté pour une solution autrement plus radicale que le filtrage des sites d’information… Selon le quotidien britannique The Guardian, le gouvernement iranien a tout bonnement interdit l’Internet haut-débit dans l’espoir de stopper l’influence occidentale. Cette mesure intervient après une action similaire sur les antennes paraboliques que les Iraniens utilisaient clandestinement pour regarder nos chaînes de télévision. La police a saisi des milliers de paraboles ces derniers mois.

Concrètement, les fournisseurs de services ont reçu l’ordre de réduire la vitesse d’Internet à 128 kilobits par seconde et l’interdiction de proposer des packs de connexion rapide.

L’interdiction contraint donc les cinq millions d’internautes du pays (chiffre non vérifié) à retourner dix ans en arrière. De quoi décourager les plus motivés. Les autorités semblent penser que la musique, les films et les programmes TV occidentaux empoisonnent la culture islamique. Désormais, il deviendra laborieux de télécharger quoi que ce soit. Il s’agit également de mieux contrôler l’opposition dans le pays.

Cette décision radicale divise les politiques et les intellectuels du pays. Les milieux académiques et les membres du parlement y voient un ralentissement de la modernisation de l’Iran.

Ramazan-ali Sedeghzadeh, le président du comité parlementaire des télécommunications s’est clairement exprimé, déclarant que le pays avait besoin de l’Internet haut-débit pour son développement et l’accès à la science contemporaine.« Chaque pays du monde avance vers la modernisation et un élément majeur de celle-ci est l’accès à l’Internet haut débit », a-t-il déclaré.

Parastou Dokouhaki, célèbre blogueur iranien, a déclaré que cette initiative avait pour objectif de déjouer les actes des opposants au gouvernement. « Si vous voulez annoncer une manifestation à l’avance, vous ne le ferez pas sur des sites Internet officiels et les journaux ne l’annonceront que trop tard. C’est pourquoi vous allez télécharger l’information vers un serveur de manière anonyme et la diffuser. Interdire les liens haut débit rendrait cette procédure difficile. Même si elles disposent d’équipements télécoms, de technologie de fibre optique et d’infrastructures Internet, les autorités veulent que nous restions sous-développés. »(source : IranFocus)

Il faut également rappeler qu’un grand nombre de sites et de blogs sont censurés en Iran au moyen d’équipements de filtrage haute technologie de fabrication américaine. L’Iran filtre plus de sites Internet que n’importe quel autre pays, hormis la Chine. Par ailleurs, le principal journal réformiste d’Iran, Shargh, a été fermé le mois dernier.