L’océan Arctique, nouvelle route des câbles sous-marin

La société canadienne Artic Fibre devrait prochainement commencer la pose d’un câble sous-marin qui reliera Londres et Tokyo à grande vitesse.

Un nouveau câble sous-marin reliant Londres à Tokyo pourrait voir le jour dans les prochaines années. Originalité du projet Canadian Artic mené depuis 2009 par la société canadienne Artic Fibre, le câble de fibres optiques passerait au large du Pôle Nord. Originalement défini pour la 40G, il supporterait les technologies 100G (100 Gb/s) aujourd’hui déployées.

Malgré les conditions d’accès dans la région, plusieurs avantages s’offrent à la solution. Les 15 600 kilomètres de câble seraient, a priori à l’abri des dangers qui menacent la plupart des câbles sous-marins, à savoir les risques d’arrachages par les ancres ou filets des navires de pêche qui fréquentent peu les pôles (pour le moment). De plus, l’isolation de la zone protège les câbles des éventuelles attaques terroristes et autres conséquences de rétorsions économiques éventuelles entre nations. Enfin, l’océan Arctique est généralement épargné par les séismes sous-marins qui frappent régulièrement l’Asie avec les risques de ruptures des câbles qu’ils entraînent.

Par ailleurs, le temps de latence de la solution tomberait à 168 millisecondes (ms) contre 230 ms aujourd’hui selon les déclarations de Doug Cunningham, président de Artic Fibre cité par NewScientist. Actuellement, la circulation des informations est notamment ralentie par des points d’étranglement au niveau du détroit de Luzon près de Taïwan, ou de Malacca entre l’Indonésie et la Malaysie. Enfin, Canadian Artic permettrait d’amener une infrastructure haut débit pour relier le Canada arctique du reste du continent, notamment l’Alaska américain. Mais aussi le nord de l’Europe. De là à penser que cela incitera les entreprises à s’installer dans ces régions…

Ouverture fin 2014

Mais le déploiement de câbles dans l’océan Arctique n’est pas sans poser de problèmes. À commencer par celui de l’accès limité entre août et octobre lors de la fonte des glaces estivales qui ouvre l’accès à la route du fameux passage Nord-Ouest. De plus, les câbliers, navires dédiés à la pose et l’entretien des câbles sous-marins, devront être adaptés aux conditions du Grand Nord pour résister à la pression des glaces et des vagues. De fait, il faudrait convertir les brise-glaces en câbliers.

Le projet Canadian Artic n’est pas le seul à envisager la route du Nord pour relier les continents en infrastructures de communications. Deux autres projets sont menés, l’un passant au-dessus de l’Amérique du Nord, l’autre le long des côtes russes. Les travaux devraient commencer cet été pour une finalisation attendue fin 2014. Une initiative d’envergure aujourd’hui rendue possible par la fonte des glaces de la région nord. De là à trouver des avantages au réchauffement climatique…

Crédit photo © Arctic Cable Company