Logiciel : mener la chasse aux licences non utilisées

Selon une étude d’IDC, 96 % des entreprises ont acheté des licences de logiciels qu’elles n’utilisent pas. Une cible toute désignée d’économie en période de disette budgétaire.

Pour les entreprises, l’heure est à la rationalisation du parc de licences logicielles. Telle est la conclusion d’une étude d’IDC, menée pour l’éditeur de solutions de gestion des licences logicielles Flexera. Basée sur les réponses d’environ 430 entreprises utilisatrices dans le monde, l’enquête montre que près des deux tiers d’entre elles estiment que leur budget logiciel va stagner ou régresser au cours des deux prochaines années. Elles sont 37 % à estimer qu’il va progresser.

Pour faire face à ces contraintes, Flexera pointe en direction du ‘shelfware’, autrement dit des logiciels achetés mais non déployés. 96 % des entreprises interrogées reconnaissent qu’une part de leur budget est dilapidée en licences non utilisées. Pour 39 % d’entre elles, cette part est même supérieure à 21 % du budget logiciel total.

Audits et indemnités salées

Le paradoxe ? Dans le même temps, sur d’autres pans du parc logiciel, une large part des entreprises dépasse ses droits d’usage, s’exposant à des redressements lors des audits réalisés par les éditeurs. Selon IDC, 85 % des organisations ne respectent pas les termes de leurs contrats de licences. Une situation évidemment risquée, car les grands éditeurs multiplient les audits (63 % des entreprises auditées au cours des 18 à 24 derniers mois) et les factures de régularisation sont salées (une entreprise sur deux a payé des pénalités au cours des deux dernières années, dans 21 % des cas, la douloureuse étaient supérieure à un million de dollars). D’ailleurs, l’audit est lui-même susceptible de nourrir le shelfware : les éditeurs profitant des conclusions de l’audit pour placer de nouvelles licences (en échange d’une annulation de la facture de régularisation), licences dont les entreprises n’ont pas forcément besoin dans l’immédiat.

Face à cette situation, les acheteurs tentent de trouver des modèles plus efficaces. IDC note ainsi le recul marqué du modèle dominant, la licence perpétuelle (se traduisant par un coût d’entrée élevé, contre un droit d’usage permanent). Seules 45 % des entreprises expliquent aujourd’hui utiliser ce modèle pour plus de 50 % de leurs licences. Pour IDC, ce taux tombera à 36 % dans les 12 à 24 mois. La décroissance de ce modèle s’explique par la montée en puissance des licences payées soit sous forme de souscription (en Saas, mais aussi pour des logiciels installés classiquement sur site), soit sous forme de paiement à l’usage (fonctions utilisées, temps passé dans l’application, volume de données…). 24 % des entreprises privilégient déjà l’abonnement pour plus de 50 % de leur parc logiciel. Pour 17 % des organisations, c’est le modèle à l’usage qui domine. Selon IDC, ces deux types de licences sont appelés à progresser dans les 12 à 24 mois qui viennent. Flexera note d’ailleurs que la flexibilité des modèles de licensing devient « un avantage compétitif » pour les éditeurs de logiciels.

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