L’ONU débat du contrôle de l’Internet

Lorsque Kofi Annan rencontre Paul Twoney, à traduire par l’ONU reçoit l’ICANN, ce n’est pas pour parler casques bleus, mais du rôle de l’ONU dans la régulation de l’Internet

200 diplomates, activistes et représentants de grandes entreprises du secteur informatique et internet se sont rencontrés au trente huitième étage du siège de l’ONU, à New York.

A l’ordre du jour, le rôle de l’ONU dans la régulation de l’Internet, un rôle plutôt effacé que l’organisation des nations unies souhaite voir élargir. « Les Nations Unies seraient une bonne plate-forme pour cela » a déclaré son secrétaire général Kofi Annan « Car nous possédons une légitimité. Les pays y sont tous représentés« . Au coeur du débat, l’ICANN. Cet organisme qui gère les DNS (Domain Name System) des extensions de domaines principales .com, .net et .org, et contrôle la validités des nouveaux domaines. Il présente en effet un défaut que lui reprochent de nombreux observateurs : sa proximité historique avec les Etats-Unis. La crainte majeure de nombreux pays est de voir le département américain du commerce, dont dépend l’ICANN, imposer ses règles à l’organisation, disposer du pouvoir de bloquer les serveurs, et même d’une visibilité secrète sur les contenus et échanges, puisque tout passe par les serveurs de DNS. Lors du conflit afghan, les opposants au régime – légal à l’époque – des talibans ont ainsi pu prendre le contrôle des adresses en .af, qui n’est repassé sous contrôle afghan qu’après que l’Alliance du Nord ait repris le contrôle du pays en 1993, avec l’aide des américains. C’est aussi l’administration américaine qui a donné son feu vert à l’ICANN pour les domaines .ps, pour les sites palestiniens, et .iq pour le futur internet iraquien. Maintenant, avant de parler de participer, voir de contrôler l’ICANN, il faudrait peut-être que l’ONU apporte la preuve que les nations soient capables de s’entendre en la matière. Ce qui est loin d’être le cas! Le dernier sommet sur la société de l’information, qui s’est tenu en décembre à Genève, a été un véritable fiasco, les représentants des nations se révélant incapables d’établir un consensus sur le sujet, sauf de reporter à 2005 le prochain sommet. Les Etats-Unis ont d’ailleurs joué un rôle important dans cet échec, se cantonnant sur leur position dominante. L’Internet risque donc fort de rester encore longtemps soumis à la bonne volonté des Etats-Unis, et aux convoitises de l’ONU.