Lucent veut contribuer au futur des services télécoms

Lors d’une conférence tenue ce 2 juin à Paris, Lucent a fait le point sur ses recherches et développements visant les futurs services multimedia. Moteurs logiciels s’appuyant sur la géolocalisation, nanotechnologies optimisant les batteries… Un trésor caché de brevets ?

C’est un peu une tradition retrouvée chez les Bell Labs, rattachés à Lucent depuis le milieu des années 90 -(les deux étant une émanation du « trust » AT&T démantelé dans les années 80). Une fois par an, le labo des chercheurs entrouvre la porte. La période noire des télécoms étant passée, cette heureuse initiative a repris. Et Lucent en profite pour sortir de sa grande discrétion. Laurent Lafarge, président de Lucent Technologies France, était là en personne pour ouvrir la discussion. Trois volets importants ont été « dévoilés »:

Les nouveaux services de la convergence L’enjeu, soulignent les chercheurs des Bell Labs, c’est l’émergence de nouveaux services multimédia qui vont tirer parti de la convergence entre réseaux fixe, mobile, et services Web sur Internet (autour du protocole SIP, notamment). Sid Ahuja , vice-président ‘Converged Network and Services’ au sein des Laboratoires Bell, a fait état d’une nouvelle architecture « tout IP » de 3è génération, dite IMS (pour IP multimedia sub-system). Elle concentre l’essentiel des nouveaux standards du marché en matière de convergence de flux voix et data sur protocole IP: il s’agit de réseaux avec routage intelligent, de gestion de méta-annuaires… Serveurs et passerelles diverses vont devoir « évaluer » la disponibilité des ressources (liaison, serveurs), l’authentification et la localisation des appelé/appelant, la charge du message -et en déduire des procédures. Géolocalisation et vie privée… Ce deuxième volet découle directement du premier: les incidences du routage intelligent: « Comment concilier respect de la vie privée et services d’information liés à la géolocalisation?, » est la question que tente de résoudre un jeune chercheur, français, Arnaud Sahuget (X Ponts et Chaussées). Les Bell Labs détiennent dans leurs tiroirs des brevets autour du « moteur de règles » Vortex, ou encore GUPster, qui fédère la confidentialité des données. Un nouveau moteur logiciel est en développement, Handini, qui vise à gérer la délicate question du « push » ou intrusions non souhaitées dans le domaine des mobiles utilisant la géolocalisation… Nanotechnologies: les premières applications Lucent et les Bell Labs attendent beaucoup de la reprise du marché des réseaux et de l’intégration des « nanotechnologies ». Ce terme de « nanotechnologies » recouvre le plus souvent les technologies des nouveaux microprocesseurs où l’intégration des micro-composants tend à s’effectuer à l’échelle du milliardième de mètre. Mais, ici, David Bishop, vice-président du département de recherche en nanotechnologies des Bell Labs, a évoqué des développements plus larges, comme les travaux sur le contrôle des micro-fluides sur une puce, par exemple. Les applications sont multiples dans les réseaux optiques, les micro-batteries, les pare-brise autonettoyants ou l’aérodynamisme des coques de navire… Dans le domaine des batteries, l’application de ces techniques qui s’inspirent, parfois, de la biologie, n’est plus futuriste: « Elle sera effective dans les 12 à 18 mois« , explique D. Bishop « La capacité de charge et d’autonomie de cette nouvelle génération de micro-batteries ou « smart batteries » va être décuplée« . Le principe des ‘nanograss’ ou nano-gazon

Le principe des « nanograss » (=nano-gazon) annoncé en mars 2004 est, en soi, évocateur: il faut imaginer un carré de pelouse où les brins d’herbe seraient strictement tondus à la même hauteur, à une échelle 10 puissance -9 (75.000 fois plus petit que le diamètre d’un cheveu!). Si l’on arrose une telle surface avec un fluide (eau ou huile), même les plus petites gouttelettes ne s’y enfoncent pas et n’entrent donc pas en contact avec la surface inférieure -disons le substrat du semi-conducteur. Or l’application d’un micro-champ électrique peut créer ce contact à un endroit très précis… C’est ainsi que la surface de la « nanograss » revient à modeler le comportement d’un fluide. L’application peut être le refroidissement de circuits intégrés, les composants opto-électroniques, les pare-brise autonettoyants…