Lutte contre le piratage musical: des résultats en demi-teinte

Une récente étude montre que l’audience de Kazaa recule. Mais dans le même temps, le nombre d’adeptes du ‘peer-to-peer’ progresserait…

La formidable machine répressive de l’Industrie américaine du disque contre le piratage et notamment les réseaux de partage gratuit type Kazaa, eMule, eDonkey… porte-t-elle ses fruits?

Cela fait maintenant plus d’un an que la RIAA, lobby des ‘majors’ US, lutte à grands coups de procès contre les internautes téléchargeurs accusés en bloc d’être responsables de la baisse de leurs ventes. Au point de vue de l’image, la RIAA atteint largement ses objectifs. Désormais, utiliser un logiciel de ‘peer-to-peer’ (P2P) s’apparente quasiment à un crime dans le pays de l’Oncle Sam. Pire, certains politiques imaginent des sanctions encore plus sévères. Les esprits sont marqués. Et cette vision un peu simpliste du problème déborde aujourd’hui en Europe. Avec des argumentaires similaires. Mais concrètement, l’audience du « P2P » est-elle pénalisée par cette offensive? Les Majors donnent régulièrement des chiffres, invérifiables, montrant le succès de leur politique. A chaque grande offensive de la RIAA, la fréquentation des principales plates-formes de ‘P2P’ recule ponctuellement. Du moins aux Etats-Unis où la peur du gendarme commence à devenir une réalité dans l’esprit des internautes. Mais à long terme? Une étude récente menée par Pew et ComScore Media Metrix montre que 5 millions d’internautes américains ont « désinstallé » Kazaa (principal logiciel de P2P) de leurs ordinateurs entre novembre et février dernier. Mais les personnes sondées répondent-elles sincèrement à ce type de questions? Car cette étude est basée sur des déclarations de sondés… Autant leur demander: ‘êtes-vous un pirate?’ D’ailleurs, la même étude montre que sur la même période, le nombre total d’adeptes du P2P aurait au contraire progressé, passant de 18 à 23 millions de personnes. Même si l’étude montre qu’il s’agit d’une estimation, pour la RIAA, le calcul est simple… Le piratage musical est au mieux stabilisé. Car le nombre de nouveaux abonnés haut-débit explose mois après mois. Dans le même temps, d’autres plates-formes de ‘P2P’, plus discrètes, se développent, comme BitTorrent. Un changement de stratégie pourrait donc être envisagé. D’autant plus qu’une autre étude montre que le ‘peer-to-peer’ n’a pas d’incidence majeure sur les ventes de disques.