Les services informatiques, le logiciel et le conseil en technologies devraient connaître une croissance de 2,1 % cette année, selon Syntec Informatique. Le syndicat professionnel des ESN (ou SSII), des éditeurs et des cabinets de conseil a sensiblement relevé son estimation de l’expansion du marché : en avril dernier, il misait encore sur une progression de 1,8 %. Rappelons qu’en 2014, la croissance du marché n’était que de 0,7 %. « Au cours du premier semestre 2015, nous avons constaté une amélioration progressive du climat des affaires, commente Pascal Brier, vice-président de Syntec Numérique. En novembre, l’indice de confiance des dirigeants du secteur a retrouvé des sommets qu’on avait connus seulement en 2007 ou en 2011. »
Pour 2016, l’organisation professionnelle mise désormais sur une progression de 2,4 % du marché, marquant un nouveau regain d’optimisme. Pour l’instant, le Syntec Numérique ne constate pas d’effet consécutif aux attentats du 13 novembre et à l’état d’urgence qui en a découlé. Au passage, le syndicat professionnel note même que la prise de conscience qui a suivi ces événements tragiques devrait favoriser les investissements dans la cybersécurité et le Big Data.
Malgré cet optimisme affiché, la croissance anticipée pour 2016 dans l’Hexagone reste… de moitié inférieure à celle attendue en moyenne dans le monde. Et elle sera aussi en-dessous de la moyenne en Europe de l’Ouest (3,1 %). Syntec Numérique semble attendre beaucoup du projet de loi Noé (nouvelles opportunités économiques) porté par le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. « On a trouvé une écoute et une vraie compréhension du sujet, se réjouit Guy Mamou-Mani, le président du syndicat professionnel (en photo ci-dessus). Maintenant, il faut passer à l’action, car la France reste en retard sur la transformation numérique, tant au niveau de l’Etat que des entreprises. »
Comme l’explique Guy Mamou-Mani, qui terminera son second mandat en juin prochain (la limite prévue dans les statuts de Syntec Numérique), le marché est en fait séparé en deux. Avec d’un côté, un large pan connaissant une stabilité en valeur. C’est ici qu’on retrouve les activités traditionnelles (infogérance, maintenance des applications legacy…). De l’autre, ce que Syntec Numérique appelle le marché des Smacs (social, mobilité, analytique, Cloud et sécurité) qui ne pèse que 12 % du total (soit tout même 5,6 milliards), mais surtout progresse de près de 17 % entre 2014 et 2015. « Et on n’en est qu’au début de la croissance de ces sujets qui portent la croissance numérique des entreprises », veut croire Guy Mamou-Mani.
Dans les services, ce virage se traduisant par la mise en service de nouvelles applications se traduit par une embellie pour les métiers du conseil (+ 3 % en 2015), de l’intégration (+2,5 %) ou de l’infogérance applicative (+ 3,1 %). Alors que l’infogérance d’infrastructure fait du surplace (0,1 %). Un renversement total par rapport aux tendances qui prévalaient voici seulement quelques années. Sur les métiers traditionnels de l’IT, qui ne sont pas en prise avec la transformation numérique, la pression sur les prix et le recours grandissant à l’offshore pèsent en effet sur les prix. Selon Syntec Numérique, la délocalisation représentait 7,7 % du marché du conseil et des services en 2014, soit 2,34 milliards d’euros. Et 78 % des SSII prévoyaient d’augmenter le recours à l’offshore en 2015. Guy Mamou-Mani explique que le phénomène touche surtout les grands contrats passés par les grands comptes.
Pour Syntec Numérique, cette transformation des métiers explique le paradoxe persistant du secteur : un chômage des informaticiens qui augmente alors que les entreprises du secteur se plaignent d’une pénurie de compétences. Malgré 12 000 créations nettes d’emploi en 2014, le chômage dans la profession a progressé de 1 point, tant pour les ingénieurs (à 6 %) que pour l’ensemble de la population des informaticiens (9 %). « En 2014, Syntec a participé à la reconversion de 1 500 demandeurs d’emploi et, cette année, nous devrions doubler ce chiffre », assure Guy Mamou-Mani, pour qui le problème réside dans l’inadéquation des compétences des demandeurs d’emploi aux nouveaux besoins des entreprises du secteur. Au total, les entreprises des services, du conseil, du logiciel et du conseil en technologies employaient 412 000 personnes en 2014, contre un peu plus de 350 000 en 2009.
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