Marché des télécommunications : une consommation en hausse pour des prix en baisse

Alors que la consommation des volumes en mobilité explose, la baisse des tarifs se confirme et va s’accélérer. De plus, les offres des opérateurs tendent à mieux répondre aux attentes de leurs clients.

L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), qui fêtera bientôt ses 15 ans de services, vient de dévoiler ses observations du marché des communications électroniques du troisième trimestre 2011 en France. Globalement, la consommation de la voix fixe et mobile augmente annuellement de 2,8 %, les SMS continuent leur courbe exponentielle ou presque (+42 %) et la donnée explose (+92,6 %) entraînée par la démocratisation des smartphones et de l’Internet mobile qui va avec. Notons également le doublement des appels vers les mobiles depuis les fixes sur la période (ces derniers étant désormais intégrés dans les box, sous l’impulsion de Free). Progression qui devrait se poursuivre au quatrième trimestre et en 2012.

Revenus en baisse

Pourtant, les revenus générés par les opérateurs sont en baisse de 2,7  % à 10,2 milliards d’euros hors taxes (dont les contractions de 2,1 % sur les services fixes et 3,4 % sur les services mobiles). Une baisse qui s’explique en partie par l’augmentation de la TVA début 2010 que les acteurs avaient finalement choisi de supporter en interne. L’apparition d’offres séparant le service du terminal a également influencé la tendance. Enfin, la baisse des coûts des terminaisons d’appel pourrait participer au phénomène. Mais, puisqu’elle concerne les frais que se refacturent entre eux les opérateurs pour acheminer les communications sur leurs réseaux respectifs, celle-ci joue à la fois « sur les recettes et les dépenses, donc il n’y a pas d’effet sur la marge », selon Jean-Ludovic Silicani, le président de l’Arcep qui présentait aujourd’hui ces chiffres. Au-delà de ces événements ponctuels, « les revenus sont stables », affirme le porte-parole du régulateur.

Le régulateur s’est également penché sur la tendance du marché mobile entre 2006 et 2010 (en l’absence de quatrième trimestre finalisé, l’année 2011 n’est pas prise en compte) à travers le calcul de l’indice des prix des services. Il ressort que la consommation en volume augmente significativement (+12,9 % en 2010 et 8,4 % en moyenne sur la période) tandis que les baisses de prix s’accentuent de -3,4 % en 2010 (2,9 % en moyenne) tant sur les forfaits (-5,3 % en 2010) que les cartes prépayées (-1,9 % en 2010 qui compense une légère hausse moyenne de 0,1 % sur la période étudiée).

Convergence des dépenses réelle et minimale

Surtout, « les dépenses réelle et minimale tendent à converger », souligne Jean-Ludovic Silicani. Explications : la dépense minimale est celle considérée payée par le « consommateur rationnel, informé et libre » (et probablement à l’affût des innovations) qui sélectionne un forfait propre à ses besoins (et donc optimisé en matière de tarifs) tandis que la dépense réelle constitue le « tout-venant » des consommateurs (qui tendent à surpayer pour des services qu’ils n’utilisent pas forcément). Alors que la dépense minimale a augmenté de 7,6 % en 2010 du fait notamment de l’arrivée des forfaits 3G Internet (et aussi des SMS), la dépense réelle baisse du fait de la diminution « naturelle » des prix. Selon l’Arcep, les deux courbes devraient converger en 2011 et croître en 2012. « Le consommateur réel se rapproche du consommateur éclairé », en déduit Jean-Ludovic Silicani. Les offres mobiles des opérateurs se rapprochent donc visiblement de plus en plus des besoins réels de leurs clients.

Ce qui ne signifie pas que les dépenses globales vont diminuer. Au contraire, selon le président de l’Autorité. Portée par le volume des abonnements toujours en hausse et l’arrivée du très haut débit, tant mobile (4G) que fixe (fibre optique), « la variété devrait conduire à une hausse du marché », conclut le régulateur. Ce qui, sur le marché des offres mobiles, permet à la France de rapprocher le coût du panier moyen du consommateur de celui du reste de l’Europe jusqu’alors inférieur. Une tendance que l’arrivée de Free Mobile va inévitablement accélérer. Bref, le marché des télécommunications mobiles est loin d’être saturé.