Martin Bouygues : « je n’accuse pas… j’évoque »

Dans une interview au Figaro, le Pdg de Bouygues flingue Vivendi, accusé de l’avoir incité à se positionner sur le rachat de SFR avant de l’ignorer, mais s’en prend aussi au régulateur des télécoms, l’Arcep.

Dans une interview accordée au Figaro ce week-end, Martin Bouygues, Pdg du groupe de BTP, se livre à une charge peu habituelle contre Vivendi, allant même jusqu’à citer Michel Audiard. Selon lui, c’est Jean-René Fourtou, le Pdg de Vivendi, qui l’a convaincu de s’intéresser à la vente de SFR, en janvier dernier, « en m’assurant de la pertinence et de la faisabilité de l’opération ».

« Pour des raisons qui me sont inconnues, (il) a totalement changé d’attitude un peu avant le dépôt de notre première offre. De futurs partenaires, nous sommes devenus soudainement des gêneurs », balance Martin Bouygues. Qui parle d’une multiplication des anomalies dans la gestion de ce dossier côté Vivendi. « Je n’imaginais pas de telles pratiques dans un tel dossier… à Paris de surcroît ! », explique le Pdg.

Quel avenir pour l’accord avec SFR ?

Mais le tonton flingueur ne s’arrête pas en si bon chemin et en profite pour écorner l’action du régulateur. « Le très grand déséquilibre de régulation créé par l’Arcep au profit du nouvel entrant (Free, NDLR) a profondément déstabilisé le marché. Dans l’ensemble de la filière, des dizaines de milliers d’emplois ont été détruits en deux ans et plus d’un milliard par an de recettes fiscales se sont envolées pour l’État, sans compter la dépréciation de sa participation dans Orange ».

Le Pdg de Bouygues se refuse à commenter les rumeurs concernant un éventuel rapprochement de sa filiale télécoms avec Free ou Telefonica. « Bouygues Telecom peut rester seul car il peut compter sur le groupe Bouygues, qui peut lui fournir des moyens importants pour gagner la rude bataille qui s’annonce », assure Martin Bouygues. Reste la question de l’accord de mutualisation des réseaux mobiles passé avec SFR. Signé en janvier dernier, ce deal devait générer 300 millions d’euros par an d’économies en créant un réseau commun aux deux opérateurs en dehors des 32 plus grandes villes de France. Un accord que, vu le contexte, Bouygues pourrait être tenté de remettre en cause. Sauf qu’il ne prévoit pas de clause de rupture en cas de changement d’actionnaire, a assuré Altice, maison mère de Numericable et futur propriétaire de SFR. Rompre avec l’opérateur au carré rouge risque donc de coûter cher au groupe de BTP. Bouygues a toutefois encore le temps de la réflexion avant un détricotage douloureux de l’accord, sur le plan opérationnel : les premières installations de sites communs aux deux opérateurs ne sont attendues qu’au quatrième trimestre.

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