Matthew Aslett (analyste) : «L’open source se répand partout»

Aujourd’hui, la bataille de l’open source se déplace sur de nouveaux domaines : standards ouverts, déploiements au sein des administrations et amélioration de la collaboration entre les citoyens et les instances gouvernementales. Analyse de la situation avec Matthew Aslett à l’occasion de l’Open World Forum 2009

Dès l’arrivée à l’ Open World Forum 2009 de Paris, le ton est donné : ambiance feutrée, anglais de rigueur, et espaces favorisant les rencontres entre les professionnels de tous horizons.

Lors de la séance d’ouverture, Matthew Aslett (notre photo), analyste pour le 451 Group, rappelle l’historique du mouvement open source : « Au cours des années 80, les choses se sont mises en place, afin de fournir une alternative aux offres propriétaires des grands éditeurs. Dans les années 90, l’adoption de Linux et d’Apache a marqué le démarrage réel du marché de l’open source. Il a fallu toutefois attendre les années 2000 pour que l’open sourcesoit reconnu comme étant un véritable moteur de l’innovation. »

Aujourd’hui, l’open source est partout. Les grands noms de l’informatique (comme IBM) l’utilisent également au sein d’offres de service. Enfin, les modèles mixtes, mélangeant solutions open source et offres propriétaires, se multiplient. « Des éditeurs classiques participent aussi à ce mouvement : VMware avec SpringSource, Citrix avec Xen et même Oracle avec MySQL ou Microsoft par le biais de sa fondationopen sourceet de sa participation récente au projet Linux, » poursuit Matthew Aslett.

Que doit-on en déduire ? Que l’open source est un mouvement de fond, inévitable, même pour les éditeurs classiques adoptant un modèle propriétaire. Une chose est certaine ; il n’est maintenant plus réservé aux seules sociétés proposant du service.

Un long chemin reste à parcourir

Mais la bataille continue, en se déportant sur les standards ouverts, l’adoption large de l’open source par les gouvernements, ainsi que sur la mise à disposition des ressources publiques auprès des citoyens.

Il reste encore du travail à accomplir, car de nombreux éditeurs de logiciels propriétaires sont présents en face de chaque pure player du monde de l’open source. Les communautés open source ont également tendance à se fragmenter, pour des raisons sociales, politiques ou économiques, ce qui est à la fois une source de richesse et un risque pour le développement de telles solutions.

Enfin, lancer un projet open source n’est pas sans risques : il faut cerner un problème réel qui concerne de nombreux utilisateurs, ce qui permettra de monétiser la solution. Il faut également être prêt à assurer (c’est-à-dire financer) le développement initial du projet, au moins la première année.

Michael Tieman, président et l’Open Source Initiative et vice-président chez Red Hat, rappelle toutefois que le marché du logiciel est actuellement de 3,4 billions de dollars (3400 milliards de dollars), dont 1 billion est perdu (projets abandonnés, en attente de financement, etc.). En permettant la réutilisation aisée du code, l’open source permet de réduire en partie ce problème. « L’aspect communautaire permet également de proposer des produits plus rapidement, lesquels comportent moins de bogues, qui seront plus rapidement corrigés », conclut Michael Tieman.

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