Méga-deal dans les puces : Broadcom veut acquérir Qualcomm pour 130 milliards de dollars

puces-mobiles-broadcom-veut-racheter-qualcomm

A travers une offre non sollicitée, Broadcom vise Qualcomm dans le cadre d’un méga-deal incluant NXP. Un rapprochement qui va faire trembler le secteur des semi-conducteurs.

Quand deux mastodontes des puces de terminaux mobiles cotés sur le Nasdaq franchissent le pas…Broadcom annonce son intention d’acquérir son rival Qualcomm pour 130 milliards de dollars (dette incluse), avec le soutien de Silver Lake Partners.

Ce qui correspond à une proposition de rachat d’actions Qualcomm à 70 dollars l’unité (soit une prime de 30% sur le cours de l’action sur les 30 derniers jours en moyenne).

Il y a trois jours, Bloomberg avait commencé à suggérer ce rapprochement gigantesque dans le secteur des semi-conducteurs.

« Fort de la combinaison des sociétés, ce rachat réalisée au nom de la complémentarité des activités permettrat de devenir le leader mondial des communications avec un impressionnant portefeuille de technologies et de produits », déclare Hock Tan, CEO de Broadcom, cité dans le communiqué.

Cette proposition prend en compte le rachat de l’Européen NXP Semiconductors par Broadcom en cours.

Néanmois, il reste encore du chemin avant l’éventuelle concrétisation de ce méga-deal. De son côté, le conseil d’administration de Qualcomm prend acte de l’offre d’acquisition « non sollicitée » de Broadcom. « Nous étudions la proposition dans le sens du meilleur intérêt de nos actionnaires », précise le communiqué à part.

Il rappelle au passage que Qualcomm dispose « d’opportunités significatives » pour apporter de la valeur ajoutée additionnelle à ses actionnaires car ses technologies et sa feuille de route de produits nous orientent vers de nouveaux secteurs. »

La combinaison Broadcom et Qualcomm (en incluant NXP) permettrait d’afficher un chiffre d’affaires de 51 milliards de dollars et un Ebitda de 23 milliards de dollars. « En incluant des synergies », précise le communiqué de Broadcom.

Fortes prises de position des deux côtés

On fronce un peu les sourcils en étudiant le rachat de Qualcomm par Broadcom…tant on aurait pu imaginer l’inverse. Ne serait-ce qu’au regard des capitalisations boursières qui ne sont pas si lointaines : 111,6 milliards de dollars pour le groupe acquéreur, 91,1 milliards de dollars pour la firme convoitée.

Sur le classement des firmes mondiales de semi-conducteurs les plus influentes en 2016 (sur la foi d’une étude Gartner de mai 2017), Qualcomm décroche la troisième place en affichant un CA de 15,4 milliards de dollars et dispose d’une part de marché de 4,5%, face à Broadcom (ex-Avago) qui présente un CA de 13,2 milliards de dollars et une part de marché de 3,8% sur la même année.

En combinant les forces, le nouvel ensemble pourrait décrocher la troisième place, derrière les leaders Intel (15,7%) et Samsung (11,7%).

Néanmoins, en fonction des segments de marché sur les puces, le deal peut paraître pertinent comme sous l’angle des récepteurs GNSS (Global Navigation Satellite System, système global de navigation par satellite). Selon ABI Research, Broadcom et Qualcomm disposent de positions fortes.

On pourrait également considérer ce rachat comme une volonté de disposer du plus beau portefeuille de brevets dédiée à la connectivité, la mobilité mais aussi l’encodage vidéo.

Broadcom en posséderait plus de 20 000, selon un recensement effectué par Lex-Innova qui remonte à 2015. Néanmoins, il resterait loin derrière Qualcomm qui alignait 76 000 brevets à cette époque.

Mais l’exploitation de sa propriété intellectuelle est un pilier de son business, quitte à générer quelquefois des frictions avec des firmes partenaires comme Apple dans le domaine de la mobilité (intégration de puces modem dans l’iPhone).

Broadcom a multiplié les opérations de croissance externe comme Cypress Semiconductor (avril 2016) dans l’Internet des objets et Brocade (novembre 2016) dans les équipements réseaux.

De son côté, Qualcomm est également monté en puissance avec l’essor des réseaux LTE/4G, tout en cherchant à se diversifier sur des segments porteurs comme les puces pour la conduite autonome.

La firme américaine, également installée en Californie, n’a pas fini de digérer l’acquisition de NXP, annoncée en octobre 2016. En juin 2017, la Commission européenne a ouvert une enquête approfondie à propos de ce rapprochement.

Pour sa part, Broadcom peut également s’attendre à une vigilance des autorités de régulation du monde entier si la manœuvre de rapprochement avec Qualcomm va jusqu’au bout.

Le groupe acquéreur compte boucler ce dossier en 12 mois après la signature qui valide ce rapprochement stratégique.

Une grande partie d’échecs dans les semi-conducteurs vient de démarrer.

(Crédit photo : Innovative Mobile Wireless Solutions par Broadcom)