Mesh, Wi-Fi, WiMax…le futur des hauts-débits sans fil?

Concurrence ou complémentarité? Quel recouvrement entre le Wifi, le Wimax ou les réseaux maillés «ad hoc» ou «mesh»? Il existe des réponses au défi des accès à Internet sans fil. Réflexions entendues lors d’une conférence Euroforum/IBC

Sur le thème du haut débit et des réseaux sans fils, les exposés et débats intervenus ce 31 mai et ce 1er juin à Paris ont eu le mérite de clarifier la pertinence réelle et les champs d’applications de trois technologies émergentes: le Wifi, le Wimax et les réseaux maillés dits ‘

ad hoc‘ ou ‘mesh‘. Plus particulièrement, on a entendu qu’il est plutôt question de leur complémentarité que de leur concurrence, face au défi de l’Internet haut débit pour tous et face à la fracture numérique. La plus évoluée, le Wi-Fi, est désormais bien connu et largement répandu grâce à la fois à la standardisation de la norme 802.11 avec ses bandes de fréquences libres 2,4 et 5 Ghz et au développement du chipset Centrino d’Intel. Dans les lieux privés, dans les entreprises et dans les lieux publics équipés de hot spots, le WiFi permet l’accès sans fil à l’internet à plus de 11 Mb/s à l’aide des portables et des PDA. Ce que l’on sait moins sur le Wi-Fi, ses fréquence 2,4 GHz étant libres, c’est qu’il permet des liaisons point à point en ligne de vue avoisinant les 10 kilomètres grâce aux antennes à gain et qu’en l’occurrence l’expérimentation des villages du Vercors réalisée par la société QOS et opérée par Territoires.sans fils en démontre la pertinence. Ici l’idée d’un Wi-Fi ne permettant qu’un nomadisme sur des rayons restreints d’une centaine de mètres est renvoyée aux oubliettes. Alors qu’en serait-il si l’ART autorisait en France comme en Allemagne des puissances de 500 mW au lieu des 100 mW actuellement ? Les réseaux maillés dits ‘mesh On passe sans transition au réseau maillé ou ‘mesh network‘, qui lui aussi repose principalement sur une même base de standard Wi-Fi bien que sans exclusive. Il s’adapte à tout type de réseaux radio? C’est une technique de maillage et de routage dynamique de réseau sans fil basée sur un protocole de détection de voisinage OLSR. Il fut développé par les militaires dans le cadre des systèmes de communication inter armes sur les champs de bataille et notamment expérimenté par l’armée américaine lors de la guerre d’Irak. Les réseaux mesh s’installent et se configurent automatiquement, ils co-existent avec les réseaux existants, sont d’autant plus fiables qu’il sont denses et sont par définition multiservices voix, données et vidéo. Connectés à l’Internet, ils distribuent le haut débit Ethernet 100Mb/s sur une zone locale déterminée et les cellules étant dotées d’une capacité de roaming, ils autorisent la réception en mobilité ( voiture, train bus). «Any time, any where, any device », telle est la caractéristique des réseaux ‘mesh‘. Les retours d’expériences d’une dizaine de réseaux opérationnels aux US nous ont été rapportés par Xavier Dalloz, consultant, qui ne désespère pas de monter une expérimentation financée par la Datar pour l’association des plus beaux villages de France. Saluons cette initiative d’une vision intéressante d’accès Internet à profusion dans les beaux villages de notre France profonde ! Des programmes pilotes aux Etats-Unis Ainsi d’énumérer les réalisations de Las Vegas, de Los Angeles, d’Oklahoma City, de Chasca où pour 500.000 dollars la ville fournit le haut débit à 20% des 7.500 foyers à l’aide d’un réseau de 168 bornes ?mesh‘ installées en quelques jours. L’expérience de Philadelphie, considérée comme la « digital town », étant la plus importante avec un réseau couvrant 345 km² et desservant 1,5 million d’habitants en Internet, avec, entre autres services, celui de la téléphonie VoIP… Les montants d’investissement sont relativement faibles, de l’ordre de 15.000 dollars par km² et les délais d’installation courts pour autant que l’ingénierie soit faite au préalable. Les majors de l’industrie sont déjà dans ce business ; citons notamment Motorola qui a racheté Mesh Networks, et Nortel qui ouvre la ville de Taipei. Et en tout, une dizaine de fabricants nord-américains comme Tropos, Strix Systems, BelAir, Locus, qui ont développé des systèmes propriétaires. Il faudrait aussi s’étendre sur la gamme des services offerts notamment liés à ceux de la sécurité civile (polices, pompiers, urgences?). Contrairement aux autres réseaux mobiles comme ceux du GSM, fondés sur une approche «top-down », le ?mesh‘ repose sur une conception « bottom-up » qui part des besoins du client et du citoyen. Et en France ? La ville de Paris vient d’ouvrir son premier ?mesh‘ à la Porte d’Italie. Avis aux amateurs de connexion gratuite ! Le forum a été l’occasion de découvrir une start-up pleine de promesses, Luceor qui développe plusieurs applications de c?ur de système sous l’égide de l’Anvar et de L’Inria. Elle participera activement à l’expérience de la Somme où le ?mesh‘ sera combiné aux autres technologies d’accès WiMax et CPL. Les espoirs nourris par le WiMax A propos du WiMax, on sait tous les espoirs mis dans cette technologie pour desservir les zones blanches. Elle s’emploie à suivre la voie de la standardisation du Wi-Fi avec son Forum IEEE, ses promoteurs industriels, des fondeurs de silicium comme Intel ou encore ses start-ups françaises ‘fabless’, comme Sequans impliquée dans le hand-over intra-cell ou Stepmind dans l’interopérabilité multi-standards des handsets. Parmi les pionniers figurent également des opérateurs comme Altitude, le seul autorisé à ce jour en France. Il reste la question de l’attribution des fréquences : l’échéance est sans cesse repoussée par l’ART. En raison du nombre, toujours plus vaste, de candidats qui se pressent au portillon ? Le fabricant leader mondial, avec lequel Alcatel s’est associé, Alvarion, annonce l’échéance de fin 2005, avec la normalisation 802.16, et la mobilité « nomadisme » pour fin 2007. A suivre donc. (*) directeur associé de PABVISION pabaubion@pab-vision.com