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Meta abandonne les derniers vestiges de Libra, son méga-projet de monnaie électronique

Novi, c’est fini. Enfin presque. Le 1er septembre 2022, ce portefeuille numérique origine Facebook fermera. Il en sera resté à l’état expérimental, aux États-Unis et au Guatemala. Avec une seule devise prise en charge : l’USDP (Pax Dollar), cryptomonnaie officielle de la blockchain Paxos.

La visée du projet était initialement bien plus large. Novi devait en l’occurrence venir s’adosser au réseau Diem. Mais les autorités n’ont pas donné leur blanc-seing.

Dans l’ombre de Diem, il y a Libra. La première de ces marques avait pris, fin 2020, le relais de la seconde, que Facebook avait officialisée en juin 2019. Il s’agissait alors de créer « une devise et une structure financière mondiales ». Un écosystème que porterait une cryptomonnaie stable, basée sur une blockchain open source et garantie par une réserve d’actifs réels. Avec, pour la régir, une association indépendante de droit suisse.

La réserve devait provenir, d’une part, des utilisateurs qui achèteraient de la monnaie. De l’autre, d’investisseurs qui acquerraient des « Investment Tokens ». Jetons qui devaient permettre de recevoir, à terme, des dividendes sur les intérêts générés par les « actifs à faible risque » dans lesquels serait investie la réserve. La distribution du Libra se ferait par l’intermédiaire de revendeurs autorisés qui s’associeraient aux plates-formes d’échange.

L’association Libra avait débuté avec 27 membres au compteur, dont des fournisseurs de services de paiement (MasterCard, Visa, PayPal…) et des telcos (Vodafone, Iliad). Parmi les objectifs à moyen terme figuraient le développement d’un consensus et d’une gouvernance sans permission, permettant à quiconque d’agir en tant que nœud. Mais aussi l’établissement d’une norme d’identité numérique ouverte, décentralisée et portable. Et la création de ce qui allait devenir Novi.

« Une société privée ne peut ni ne doit créer une monnaie qui rentrerait en concurrence avec les monnaies des États », avait réagi, le jour même de l’annonce, Bruno Le Maire.

De Libra à Diem : l’eau dans le vin n’a pas suffi

Dans les semaines suivantes, du G7 au Congrès américain, bien des voix allaient s’élever… et Facebook passer sur le gril. Entre vie privée, blanchiment, fiscalité, protection des consommateurs et stabilité du système financier, l’Union européenne allait aussi ouvrir une enquête.

À l’automne 2019, les principaux acteurs du secteur financier membres de l’association Libra s’étaient désistés. En fin d’année, la porte s’était un peu plus fermée dans l’UE, qui avait resserré l’étau sur les stablecoins.

Au printemps 2020, le projet avait pivoté sur plusieurs aspects. Il avait notamment abandonné la perspective d’une blockchain ouverte. Et avait décidé, face aux inquiétudes des régulateurs en matière de souveraineté monétaire, de créer d’autres monnaies virtuelles que le Libra. Plus précisément, des stablecoins adossés chacun à une devise. À commencer par l’euro, la livre sterling, ainsi que les dollars américain et singapourien. Le Libra serait, nous expliquait-on, implémenté en tant que « composite » indexé sur ces stablecoins, à travers un panier dont la composition pourrait évoluer (mécanisme similaire aux droits de tirage spéciaux du FMI).

Fin 2020, dans une tentative de se distancier de Facebook, l’association Libra devenait Diem. Et son top management évoluait. Aux manettes arrivait Stuart Levey, ancien du Trésor et avocat chez HSBC Holdings. L’activité était par ailleurs relocalisée aux États-Unis. En toile de fond, un partenariat avec Silvergate. La banque californienne devenait le seul émetteur autorisé du stablecoin adossé au $. L’association avait en outre retiré sa demande d’agrément comme établissement de paiement déposée en septembre 2019 auprès du gendarme suisse des marchés financiers.

Début 2022, la dissolution de Diem était actée. L’association jetait l’éponge et vendait ses actifs à la maison mère… de Silvergate.

Photo d’illustration © Diem

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