Michael Dell : ‘Je n’étais ni impliqué ni au courant des irrégularités comptables’

Le fondateur de Dell, revenu aux commandes depuis quelques mois, a tenu à
remettre les pendules à l’heure

A l’occasion d’un entretien avec des analystes financiers de Citygroup – qui fait suite à la publication des résultats de l’enquête interne qui a conclu sur des pratiques comptables répréhensibles et à la révision des résultats de quatre exercices – Michael Dell a tenu à démentir toutes les rumeurs qui circulent.

A commencer d’ailleurs par son propre rôle:

« Je n’ai été ni impliqué ni au courant des irrégularités comptables de notre compagnie« . La faute à qui, alors? A quelques managers qui ont truqué les comptes afin de laisser croire que les objectifs ont été atteints entre 2003 et 2006 !

Une déclaration qui ne manque pas de surprendre les observateurs, car durant toute la période des malversations, le très médiatique patron occupait le poste de ‘chairman’ (président du conseil d’administration). De même, il a occupé le poste de CEO (directeur général exécutif) durant les quelques trimestres concernés par les malversations…

Le groupe prévoit de faire certaines économies afin de satisfaire les actionnaires; il est question d’une réduction de coûts à hauteur de de 50 À 150 millions de dollars, une goutte d’eau en référence aux 57 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2006. Un chiffre qui en revanche en dit long sur le mal endémique dont souffre Dell face à ses concurrents : la faiblesse de sa profitabilité

Changer de modèle économique?

Mais la principale interrogation des analystes ne porte pas sur la responsabilité de Michael Dell, mais plutôt sur la stratégie du groupe. Depuis qu’il est revenu aux commandes, le fondateur de Dell a multiplié les initiatives qui pour certaines viennent heurter le modèle économique de la vente directe qui s’imposait jusqu’à présent.

Le modèle Dell « n’est pas une religion !« , répète-t-il en interne.

Michael Dell n’a pas caché sa volonté de multiplier les accords afin de distribuer les produits du groupe sur de nouveaux réseaux indirects. C’est le cas avec la première chaîne de la grande distribution américaine, Wal-Mart Stores. Et Dell a déjà signé dix accords de ce type dans le monde !

Autre axe de changement, les services. Le constructeur entend capitaliser sur les 40 millions de PC qu’il livre chaque année aux entreprises vendre plus de services, voire en créer de nouveaux. Et de citer en particulier la gestion des licences de logiciels.

La vision de Michael Dell ? Le fabricant transformé sur de multiples petites choses en département IT des entreprises… Il lui faudra cependant imposer aussi un changement culturel, car cette nouvelle stratégie ne peut s’imposer que sur le long terme, là où la culture du groupe a été marquée par le court terme, ce qui explique, un peu, les dérives qu’il a subit…

Combien de temps encore, dans ces conditions, Dell restera-t-il un modèle pour les manuels d’économie, un mélange de pragmatisme dans l’adoption et l’usage des technologies, de rigueur dans ses process industriels et d’efficacité marketing ?