Michel Gien (VirtualLogix): «La virtualisation sur mobile élève les terminaux d’entrée de gamme au niveau des smartphones»

Réduction des coûts matériels, amélioration de l’offre applicative, simplification de la gestion système… La virtualisation offre de nombreuses opportunités au marché du mobile.

Le marché de la virtualisation pour terminaux mobiles commencerait-il à se structurer? Le 7 septembre, l’américain Red Bend Software, spécialisé en solutions de gestion à distance de mobiles par les airs, a annoncé le rachat du français VirtualLogix pour un montant non précisé. La nouvelle entité constituera une entreprise de 150 personnes environ, dont une trentaine issue de VirtualLogix qui possède des bureaux à Paris, à Taiwan, au Japon et aux Etats-Unis.

VirtualLogix est spécialisée dans les technologies de virtualisation pour les terminaux mobiles, l’essentiel de l’activité aujourd’hui, mais aussi dans l’embarqué et infrastructure réseaux (notamment pour Alcatel-Lucent) sur processeurs ARM et x86 Intel. VirtualLogix a été créé en 2002 par une équipe d’ingénieurs issus de Chorus System acquis par Sun Microsystems en 1997. Une équipe de pointe dans les logiciels pour systèmes embarqués, temps réels et UNIX/Linux.

La virtualisation pour les serveurs et les PC, on connaît, mais pour les téléphones mobiles? « Les technologies sont différentes mais la finalité est la même, explique Michel Gien, co-fondateur historique de VirtualLogix, il s’agit de faire tourner plusieurs systèmes d’exploitation et applications sur un seul hardware. Un moyen de consolider la pile applicative. »

Des smartphones à 1 euro

Concrètement, la solution VLX de l’entreprise française permet d’exécuter une couche supérieure de gestion des communications mobiles (GSM, 3G…) aux côtés d’un Linux qui supporte Android sur un seul processeur. Dans les faits, l’offre est notamment fonctionnelle sur une plate-forme BaseBand 6715. Résultats? « On réduit les composants dans un téléphone et, donc, les coûts ce qui permet d’obtenir une plate-forme de type smartphone au prix d’un téléphone d’entrée de gamme », justifie Michel Gien, ingénieur de formation.

VirtualLogix fournit ses technologies de virtualisation pour terminaux mobile à ST-Ericson et Infineon principalement, qui revendent à leurs tour leurs plates-formes aux constructeurs, intégrateurs et autres OEM. Résultat, on voit apparaître des smartphones Android sur le marché à 1 euro à l’image du ZTE Link proposé par Bouygues Telecom en France. En l’occurrence, les solutions de VirtualLogix se retrouvent chez Acer (BeTouch E110, E120, E130) ou encore HTC Tianyi et, moins connu chez nous, K-Touch W606.

Si Android est mis en avant sur VLX, c’est essentiellement pour des raisons d’ouverture du logiciel et de choix commerciaux. « On peut porter ce qu’on veut mais la demande du marché se concentre sur Android », souligne notre interlocuteur. Avec 200.000 terminaux Android activés chaque jour et une vingtaine de constructeurs qui ont adopté la plate-forme de Google, c’est un marché formidable qui s’ouvre à VirtualLogix et, désormais, Red Bend.

Séparer les uages entreprises et personnels sur un même téléphone

Un potentiel d’autant plus grand que certains constructeurs pourraient s’emparer de la technologie pour améliorer leurs offres ou consolider des stratégies multi OS. On pense notamment à Nokia partagé entre un OS Symbian 3 (et S40 toujours mis en avant) et un Linux MeGoo destiné aux smartphones et tablettes. Lesquels OS pourraient, en production, être réunis sur un seul composant et activés ensuite selon l’appareils commercialisé. Michel Gien se gardera de toute réponse sur la stratégie de Nokia avec qui il discute néanmoins, comme nombre des clients finaux des producteurs de processeurs.

Plus réaliste, les technologies de virtualisation peuvent être appliquées sur les téléphones mobiles haut de gamme pour séparer (physiquement, serait-on tenté de dire) les usages professionnels des usages personnels. « En combinant les fonctions de deux téléphone, entreprise et personnel, avec une pile software sécurisée qui sépare les deux environnement, on attribue deux usages parfaitement séparés sur un même appareil », soutient Michel Gien. Encore faudrait-il que les principaux éditeurs de solutions pour l’entreprise, BlackBerry en premier lieu, et Microsoft Windows Mobile, acceptent la cohabitation. Ce n’est pas gagné et Android pourraît bien en profiter.

VirtualLogix va donc compléter intelligemment les services de Red Bend. « On est dans le même domaine, sur les mêmes marchés,avec les mêmes types de clients », justifie notre interlocuteur. Les opérateurs et constructeurs. Les technologies de virtualisation de VirtualLogix vont notamment permettre à Red Bend de simplifier la gestion applicative à distance, et notamment les mises à jour des OS mobiles, depuis la plate-forme FOTA (firmware over the air). Red Bend équipe à ce jour plus de 750 millions de terminaux mobiles dans le monde. Sans compter le marché grandissant des objets communicants (M2M). Un potentiel immense en perspective pour la nouvelle entité.