Michel Guyot (Tata Communications) : « La voix est encore un business rentable »

Selon Michel Guyot, président de la division voix chez Tata Communications, l’activité voix a encore quelques belles années devant elle. Ensuite, il faudra transformer l’industrie.

La voix a-t-elle encore de l’avenir sur les réseaux de communication ? Nous avons profité du Global Media and Analyst Summit (GMAS) de Tata Communications à Dubaï, le 21 mars dernier, pour poser la question (sous forme de boutade, avouons-le), à Michel Guyot. Le responsable de l’ensemble des activités voix, depuis plus de 25 ans dans l’industrie des télécoms, a rejoint l’opérateur indien suite au rachat de l’opérateur canadien Teleglobe en 2006. Rappelons que Tata Communications transporte, parmi ses nombreuses activités, du trafic voix entre les continents.

Avant de nous répondre, Michel Guyot dresse le bilan de l’industrie. « Même si tout est contre nous dans la voix, il y a des facteurs importants : la croissance du trafic diminue, au mieux il est stable, car les OTT (over the top comme Skype, Google Voice…) viennent enlever du marché, les prix tombent, donc ce qui se produit est une consolidation. Or, nous sommes un consolidateur, pas dans le sens de racheteur, mais en matière de tendance du marché avec des opérateurs qui transportaient eux-mêmes leurs communications à l’international et décident d’externaliser les communications internationales auprès de spécialistes comme nous. » Tata Communications, transporte depuis deux ans le trafic voix international de BT, notamment. « L’idée est d’entrer dans ce partenariat pour s’éloigner du transport de voix à bas coût en ajoutant de la valeur, des services managés… », ajoute le président de la division Global Voice Solutions du groupe de communication.

45 milliards de minutes

Résultat, Tata Communications transporte 45 milliards de minutes voix par an (deux fois le trafic international qui sort de la Grande-Bretagne). Le tout dans un flux mondial relativement équilibré : 25 % du trafic va vers les États-Unis, 48 % part vers l’Asie et l’Inde, et 32 % vers l’Amérique du Nord (Mexique inclus). « Les pays développés ont plus de sources qui terminent dans les pays en développement et l’une de nos grandes expertises tient dans la capillarité de notre capacité de distribution, ce qui nous permet de connecter, à coûts compétitifs, la plupart des régions du monde », explique Michel Guyot. Tata Communications est interconnecté avec 260 opérateurs dans le monde.

Si la voix, c’est simple, « on compose un numéro et ça y est », les revenus qu’elle génère tendent à chuter. Sauf chez Tata Communications. « Le marché est de plus en plus difficile, ce qui fait notre affaire puisqu’il favorise ceux qui ont la bonne dimension, le volume et les capacités à gérer des centièmes de cent. Pour moi, 0,001 euro c’est très important. » Résultat, l’activité voix a généré 1,4 milliard de dollars en 2011/2012, soit plus de la moitié des 2,56 milliards du chiffre d’affaires total. Et 18 % des revenus avec 100 millions de free cash flow. « C’est encore un business rentable », soutient notre interlocuteur.

Transformer l’industrie

S’il reconnaît qu’il ne représente pas l’avenir de Tata Communications, « en revanche, pour les 3 à 5 prochaines années, on aura encore beaucoup de revenus et de marges à tirer de cette activité et l’on contribue à transformer l’industrie. Je dis toujours qu’on sera le dernier acteur debout. Oui, le marché diminue, mais notre part augmente. Et puis dans 5 ans, qui sait comment cela sera. Peut-être que nous relierons tous les Skype, Google, et nous favoriserons l’interopérabilité entre tous ces ‘disrupteurs’. Il y a un avenir encore pour 3 à 5 ans par la consolidation du marché. Après, on verra. » Finalement, Michel Guyot a répondu, sans ambages, à notre question.