SFR rattrape son retard dans la 4G et accélère dans la fibre

En 2016, SFR a retrouvé sa capacité de déploiement dans les réseaux mobiles comme fixe très haut débit, affirme son directeur général.

« 2016 a été une année exceptionnelle dans le déploiement du très haut débit », a commenté Michel Paulin, en guise de bilan à l’occasion d’une conférence de début d’année. Fort de la logique industrielle de sa maison mère Altice, le directeur général de l’opérateur est convaincu que « SFR a la capacité de déployer [son réseau] et offrir des innovations majeures » pour les prochaines années à raison de « plus de 2 milliards d’euros par an » d’investissements dans les infrastructures. Des investissements pensés pour faire revenir les clients mais la question sera abordée le 8 mars prochain avec les résultats annuels du groupe.

Sur la partie mobile, SFR estime avoir rattrapé son retard accumulé en 2013 et 2014. Retard qui s’est inversé à partir de 2015 suite à l’acquisition par Numericable. L’opération a entrainé une remise à plat massive de la stratégie et de l’organisation, qui s’est traduite par la rationalisation des équipes internes, la massification des appels des prestataires extérieurs finalement pourvus d’une plus grande autonomie d’exécution et, enfin, d’un outil industriel, une « usine », apportant la capacité de déploiement à un rythme soutenu. Mais au prix d’une restructuration qui devrait se traduire par le départ et l’externalisation des deux-tiers des 15 000 effectifs du groupe à l’horizon 2019. « Si nous avions continué sur l’ancien modèle, nous ne pourrions pas vous présenter les chiffres que nous vous présentons aujourd’hui », défend Philippe Le May, directeur exécutif réseau.

81% de la population 4G couverte

Et d’égrener ces chiffres. Si, en octobre 2014 SFR couvrait 35% de la population en 4G, l’opérateur en revendique 81% à fin 2016. Et vise les 90% pour la fin de l’année et les 99% fin 2018. « Avec 7 ans d’avance sur les obligations de couverture », souligne le responsable réseau. Des objectifs partagés par ses principaux concurrents Orange et Bouygues Telecom. Selon les chiffres de décembre de l’ANFR (Agence nationale des fréquences), SFR a néanmoins dépassé Orange en matière de sites 4G autorisés et talonne désormais le numéro 1 Bouygues Telecom. Cela se traduit également par une couverture géographique de 50% des zones rurales (notamment avec un taux de 50% en 800 MHz supérieur à l’obligation de 40% début 2017).

Philippe Le May, directeur exécutif réseau, et Michel Paulin, directeur général de SFR
Philippe Le May, directeur exécutif réseau, et Michel Paulin, directeur général de SFR

A la couverture s’ajoute la capacité du réseau. Ses débits montent en puissance avec la mise à niveau de sites 4G multi fréquences. Selon l’opérateur, environ 70% des sites sont en mesure de faire bénéficier de 187 à 225 Mbit/s les terminaux capable de supporter deux porteuses (la 4G+). Et si 7 agglomérations sont aujourd’hui couvertes en 4G UHD (ultra haut débit) à 337 Mbit/s grâce à l’agrégation de trois fréquences, leur nombre devrait s’étoffer à 17 en juin prochain (dont Paris) et 32 en fin d’année. « Les multi-fréquences profitent aussi aux terminaux mono-porteuse car elles libèrent de la capacité et offrent une meilleure allocation », assure Philippe Le May. Autrement dit, tous les utilisateurs sont gagnants, qu’ils possèdent un smartphone dernier cri ou un modèle de première génération 4G.

1,6 million de prises très haut débit déployées en 2016

Les efforts de déploiements de SFR portent aussi sur le fixe. Comme Michel Combes, PDG de SFR, avant lui, Michel Paulin réfute l’aspect technologique opposant signal optique et coaxial. « Le débat fibre/câble n’a pas de sens car le câble rénové apporte la fibre au plus près du client. » Une rénovation du réseau historique du câblo-opérateur en Docsis 3.0 qui fait passer la capacité du câble de 30 Mbit/s à plus de 1 Gbit/s en réception et 100 Mbit/s en émission en mars prochain (le double annoncé pour 2018). « Nous déployons une infrastructure capable d’atteindre des débits pour les usages des prochaines années », assure le dirigeant. Démonstration à l’appui, la box de SFR, FTTH (fibre optique à domicile) ou FTTB (en terminaison coaxiale), montrait des débits respectifs de plus de 800 Mbit/s et 100 Mbit/s. Plus concrètement, l’usage se traduisait par quatre flux vidéo, dont un en 4K, et un téléchargement simultanés sans marquer de latence.

Si la technologie est au point, il reste à la déployer. Sur ce point, SFR dispose d’une énorme capacité. A savoir les 9,3 millions de prises (THD) aujourd’hui déployées dans les foyers et locaux professionnels, essentiellement celles hérités de Numericable et complétées d’accès FTTH. En 2016, SFR déclare avoir déployé 1,6 million de prises THD dans plus de 270 communes. Et revendique plus de 2 millions de clients THD aujourd’hui. Fort de cette capacité de déploiement, l’opérateur vise les 11 millions de lignes THD pour la fin de l’année. Dont 1,2 million de prises FTTH aujourd’hui commercialisables.

Rééquilibrer les déploiements de la fibre face à Orange

Michel Paulin a profité de ce rendez-vous avec la presse pour renouveler son intention de renégocier les accords de déploiement précédemment signés avec Orange. Des accords qui prévoient que l’opérateur historique couvre 80% des zones moyennement denses (zones AMII) contre 20% pour SFR. Un accord que ce dernier souhaite rééquilibrer. Certes pour disposer d’une capacité de réseau concurrentielle, mais aussi dans l’optique de respecter le plan France Très haut débit qui prévoit 12 millions de lignes THD dans les zones AMII pour 2020. Hors, avec 2,5 millions prises aujourd’hui déployées et au rythme de déploiement actuel de moins de 2 millions de prises par an sur la zone, « l’objectif ne sera pas atteint, y compris avec Orange », estime Michel Paulin. Qui ajoute que « SFR dispose aujourd’hui de la structure industrielle pour accélérer le déploiement de la fibre. [C’est pourquoi] nous proposons un nouvel équilibre pour accélérer les déploiements et être acteur dans les zones AMII ». Le dirigeant ne se prononce pas sur le taux visé mais l’équilibre revendiqué laisse penser une ambition de 50% des déploiements.

Si l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a entendu cet appel (et souhaite mieux encadrer la fibre d’Orange), l’opérateur historique reste pour l’heure sourd aux revendications de son concurrent. « Nous discutons depuis deux ans avec Orange sur cette question », confie le dirigeant de SFR. En vain jusqu’à aujourd’hui. L’Arcep ou l’Agence du numérique (qui encadre la mission France Très haut débit) sauront-ils se montrer plus convaincants ?


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