Microsoft France aussi protège ses droits…

Abus des assembleurs, contrefaçons, copies de complaisance, dérives des entreprises, Microsoft doit faire face au piratage à grande échelle de ses logiciels, même en France

Si la grande majorité des assembleurs, distributeurs et utilisateurs de systèmes informatiques et de logiciels se conforte avec la loi, les pratiques abusives de copies illégales continuent de pourrir le marché, avec en France environ 1 logiciel sur 2 piraté.

Laurent Signoret, responsable Licence Compliance pour Microsoft France, évoque avec nous les dérives du marché dans les entreprises. « Face à la police, les cambrioleurs ont toujours une longueur d’avance. Dans la lutte contre la contrefaçon de logiciels, c’est pareil !« . Un quart des distributeurs sur la sellette Le piratage de logiciels est un phénomène endémique. Pour une majorité d’assembleurs et de distributeurs qui respectent les règles, la minorité qui pratique des abus vient largement porter atteinte aux activités de leurs concurrents et de Microsoft. Le phénomène est plus sensible en France et dans les pays latins, où, à la différence de l’Angleterre ou de l’Allemagne, le tissus de distribution des produits informatiques est encore composé de très nombreuses petites sociétés. La recherche du prix et de la marge pousse certains distributeurs à tirer profit de l’immatérialité des logiciels. Ainsi installe-t-on illégalement le système d’exploitation ou des logiciels sous le couvert d’un geste commercial, d’une promotion, ce qui se traduit par un détournement de licences. Plus grave, de nouvelles techniques permettent de maquiller la réalité. Ainsi trouve-t-on sur le marché des rouleaux de stickers et des contrefaçons de licences, même holographiques, vendus quelques euros sous le manteau, qui portent l’acheteur à penser de bonne fois qu’ils disposent des licences légales d’utilisation des produits qu’ils payent. Autres déviances, les fausses clés d’activation proposées sur Internet, et plus récemment des spams d’offres alléchantes de logiciels proposés à des prix défiant toutes concurrences, qui ne sont en réalité que des contrefaçons en provenance des pays de l’Est. Ces pratiques entraînent une concurrence déloyale, qui pousse les éditeurs comme Microsoft à assainir leur marché afin de défendre leurs droits, mais aussi de défendre le droit de leurs distributeurs qui respectent la loi. Un bilan accablant ! Microsoft France annonce qu’il contrôle 100% des assembleurs. Concernant les revendeurs, l’éditeur réalise « des contrôles et des achats tests auprès de tous les revendeurs informatiques afin de s’assurer du respect de ses droits d’auteur et de relever les pratiques commerciales illicites et les actes contrefaisants éventuels« . Pour faire face à une forte demande des revendeurs honnêtes, Microsoft veut assainir son marché. Ainsi depuis septembre 2004, 1.100 magasins ont été contrôlés. Et le bilan est pour le moins accablant : Si 915 magasins se sont révélés honnêtes, 178 sont en situation d’incitation, à savoir qu’ils proposent ou incitent à un acte illicite, et 81 ont été contrôlés positifs ! « Un intégrateur sur quatre se prête malheureusement encore à des pratiques illicites« . Sur son réseau de distribution, direct ou indirect, Microsoft se montre intransigeant et fait un recours systématique à la justice pour les cas de contrefaçon avérés. En revanche, l’éditeur se montre plus souple vis-à-vis des entreprises. Le principe de bonne fois pour les entreprises « Le cas de l’entreprise est plus complexe. La copie concerne surtout les petites entreprises et les produits qui sont l’objet de marchés de volumes. Plus le logiciel est vital pour l’entreprise et moins il est copié« . Laurent Signoret adopte deux approches vers l’entreprise qui triche. Tout d’abord un manque de maîtrise de son parc, plus qu’une volonté délibérée. Ensuite du côté des utilisateurs la copie par nécessité, une absence d’adéquation de la politique d’investissement de l’entreprise avec les besoins de ses employés, ce qui incite ces dernier à copier le logiciel d’un collègue ou à télécharger une copie illicite d’un logiciel dont l’entreprise ne dispose pas. La solution ? Sensibiliser tout d’abord l’entreprise à adopter une politique claire sur les logiciels, qui prenne en compte les besoins de ses employés. Et surtout le programme SAM (Software Asset Management), dont l’objectif pour Microsoft est, à travers son réseau de partenaires, d’aider les organisations à mettre en ?uvre l’ensemble des infrastructures et processus nécessaires pour gérer, contrôler et protéger leurs actifs logiciels tout au long de leur cycle de vie. « Cette gestion optimisée permet aux entreprises d’évaluer leurs besoins réels en logiciels, d’auditer et d’homogénéiser régulièrement leur parc informatique et de rationaliser les achats« . Des solutions pour corriger le tir « Nous voulons creuser l’écart entre l’original et la copie« . Microsoft adopte l’opt-in sur les mises à jour. Le système d’authentification en ligne – les mises à jours ne pourront être téléchargées que si l’utilisateur est à jour sur ses droits – va se systématiser, afin de restreindre l’accès au ‘download’. En revanche, « Cette pratique de l’opt-in ne concernera pas, et pour longtemps encore, les patchs de sécurité critique« . Nous voilà rassurés? Le déploiement les techniques de DRM (Digital Rights Management ou gestion des droits numériques) ne semble pas encore d’actualité chez Microsoft, qui pourtant est un des acteurs les plus importants sur ce marché. Dans l’immédiat, l’éditeur semble plutôt privilégier une approche d’incentives, des cadeaux aux utilisateurs en règle, des offres à prix préférentiel pour les entreprises qui de bonne foi souhaitent rentrer dans le rang. Mais cette voie est difficile, car la frontière entre la bonne foi et la démarche volontaire pour s’équiper ultérieurement à moindre coût est plutôt ténue. En tout cas, le chemin sera long avant qu’en France la contrefaçon de produits logiciels ne devienne marginale. Selon la BSA, 45% des logiciels en entreprises seraient des illégaux !