Microsoft franchit un nouveau pas dans la lutte contre le spam

Microsoft s’est trouvé un allié en la personne du juge Eliot Spitzer, ‘general attorney’ de New York. En marge du contrôle du trafic, la firme de Redmond veut maintenant s’attaquer à l’origine du spam: les spammeurs

Scott Richter, le patron d’Optinrealbig.com, réalise plusieurs millions de dollars de profit par mois. Son secret ? Il expédie quotidiennement plus de 250 millions de messages spammés, des chiffres que d’ailleurs il ne conteste pas.

Mais depuis jeudi dernier, Scott Richter est tombé sur un os: Microsoft. La firme de Redmond vient en effet d’amplifier sa stratégie de lutte contre le spam, qui représenterait environ 80% des emails reçus par ses clients MSN, soit quotidiennement environ 2,4 milliards d’emails spammés et une part importante de sa bande passante détournée. Microsoft entend désormais dépasser les interventions techniques destinées à limiter le spam dès ses serveurs, pour s’attaquer directement à la source. Ce n’est pas la première fois que Microsoft lance des poursuites contre les spammeurs, mais aujourd’hui la firme a trouvé son allié en la personne du « general attorney » Eliot Spitzer, qui préside la Cour suprême de Manhattan, la plus haute juridiction de l’Etat de New York. Eliot Spitzer n’a pas la réputation d’être un tendre, bien au contraire ! Il s’est fait connaître ces dernières années avec ses poursuites jugées parfois agressives contre les fraudes des grands groupes, mais aussi pour avoir, ces derniers mois, lancé trois procédures contre des spammeurs. Que reproche-t-on à Optinrealbig.com, ainsi qu’à Synergy6 Inc., une autre société de marketing basée à New York et poursuivie par Microsoft ? Rien de moins que d’avoir enfreint les lois des Etats de New York et de Washington en offrant des produits gratuits en échange d’informations privées, d’utiliser de fausses adresses de messageries, de faux objets, de détourner des adresses existantes et de falsifier des informations de transmission. L’état de l’art du spam? Selon IDC, 7,3 milliards d’emails spammés sont expédiés quotidiennement, ce qui selon Ferris Research représenterait pour les entreprises américaines un coût de 10 milliards de dollars en 2003, rien qu’en perte de productivité et en réduction des processus de travail. La démarche de Microsoft, encore bien isolée, n’est sans doute qu’une goutte d’eau dans la lutte contre les spammeurs, mais elle constitue un pas important ! « Le doigt est maintenant pointé vers eux » a déclaré Brad Smith, ‘General counsel’ de Microsoft. « Nous voulons lancer le message fort que c’est illégal et que ça ne paye pas« . Microsoft a engagé cinq autres poursuites judiciaires contre d’autres spammeurs de New York qui utiliseraient les mêmes méthodes et outils que Scott Richter et ses acolytes, ce dernier ayant affirmé qu’il se prépare à une guerre juridique, et que cette affaire va devenir un champ de bataille pour avocats. Et il en a les moyens?