Microsoft vise 15 % du marché des smartphones dans 5 ans

Accélérer. Pour Microsoft, le rachat de l’activité téléphones mobiles de Nokia va lui permettre de jouer dans la même division que Samsung et Apple, les deux leaders du marché du smartphone. Mais l’éditeur a encore du pain sur la planche avant d’y parvenir.

Prolonger un partenariat déjà fructueux. C’est ainsi que Microsoft justifie le rachat de l’activité téléphonie mobile de Nokia, pour 7,2 milliards de dollars (lire Mobilité : Microsoft se paye les Lumia de Nokia). Une bonne affaire si on la jauge par rapport à la somme déboursée voici deux ans par Google pour mettre la main sur un Motorola autrement plus fragile (12,5 milliards de dollars pour mémoire).

Mais Microsoft voit plus loin. L’éditeur veut en effet s’adjuger 15 % du marché des smartphones en 2018, soit plus de 250 millions de terminaux vendus à l’année. Dans ses projections, l’éditeur estime que l’activité devrait générer à cette échéance 45 milliards de dollars annuels. Elle devrait donc peser lourd dans les comptes de Redmond, puisque le chiffre d’affaires annuel de l’éditeur est aujourd’hui proche de 80 milliards de dollars à l’année.

Pour Microsoft, acquérir la division Devices & Services de Nokia doit donc permettre à Windows de revenir un peu plus sur les deux leaders du marché de la mobilité (Android et iOS), tout en améliorant la marge sur chaque terminal vendu. Selon l’éditeur, cette dernière pourrait passer de moins de 10 dollars l’unité aujourd’hui à plus de 40. En creux, Microsoft semble confirmer que l’activité smartphones de Nokia était en perte.

L’éditeur estime que cette activité atteindra son point mort une fois dépassé le seuil des 50 millions de terminaux évolués (smartphones ou tablettes) vendus à l’année. Or, au second trimestre 2013, Nokia n’a livré « que » 7 millions de ses smartphones Lumia, soit moins d’un terminal sur 10 frappé du logo du Finlandais. Transformer les utilisateurs de téléphones d’entrée de gamme Nokia (les feature phones en jargon) en acheteurs de smartphones Windows sera d’ailleurs un des enjeux majeurs pour Redmond.

Conserver les téléphones d’entrée de gamme ?

« On ne sait pas encore ce que l’entreprise compte faire sur ce segment, remarque Francisco Jeronimo, directeur de la recherche chez IDC. Les feature phones continuent de représenter un pourcentage significatif des ventes mondiales, même si cela va changer dans les années qui viennent. A long terme, l’opportunité de marché est limitée sur ce segment, mais à court terme, il est important que Microsoft conserve cette activité et sa profitabilité. Cela lui donnera accès à des marchés où les feature phones demeurent majoritaires et où la marque Nokia reste puissante. Ces marchés verront une explosion des ventes de smartphones dans les années qui viennent et les consommateurs ont de fortes chances de remplacer leur terminal par un smartphone conçu par une marque qu’ils connaissent déjà et en qui ils ont confiance. »

L’autre enjeu pour Microsoft consiste à tenir le rythme face aux innovations régulièrement amenées par Samsung et Apple notamment. Un domaine où le partenariat Microsoft – Nokia n’a pas pleinement convaincu. Et Redmond devra aussi tenir le choc face aux machines de guerre marketing mises sur pied par le Coréen et la firme à la pomme. Microsoft va donc devoir investir. Massivement. « Nous avons besoin de voir ce niveau d’engagement avant de réellement affirmer que Microsoft joue dans la même division que ses deux principaux concurrents », affirme Tony Cripps, analyste au sein du cabinet Ovum.

Dans sa présentation, en plus de détailler l’intérêt de l’accord, Microsoft s’attarde aussi – et peut-être surtout – sur les risques à ne pas le faire. « Nous ne pouvons pas prendre le risque de voir Google et Apple préempter l’innovation dans les apps mobiles, l’intégration, la distribution et les bénéfices économiques », écrit le premier éditeur mondial dans son document. Et de souligner que le succès dans les smartphones est bénéfique sur le marché des tablettes. Là où Microsoft peine justement à percer.

Malgré ces arguments, le deal n’a pas convaincu les marchés boursiers : à l’heure où nous bouclons cet article, l’action Microsoft décrochait de 6 % environ.

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