Microsoft vs Google : ‘Les services en ligne n’ont pas pour vocation à remplacer le poste de travail’

Fabrice Milhoud, responsable stratégie de Microsoft France, réagit à
l’annonce de Google Apps pour les entreprises, présentée comme l’alternative
‘services web’ aux outils de bureautique de l’éditeur

Google s’attaque à Microsoft‘, ‘la fin du logiciel‘, ‘l’alternative en ligne à Office‘? L’annonce de Google Apps Premier Edition a fait l’effet d’une bombe, ou d’un pétard selon le point de vue que l’on adopte, la majorité de la presse s’empressant de souligner que le principal perdant est Microsoft.

Fabrice Milhoud, responsable stratégie de Microsoft France, nous apporte la vision de l’éditeur et répond nos questions :

« Nous n’avons pas la vision du ‘software as a service’, nous ne cédons pas à la mode Google de tout porter en ligne, et d’ailleurs être connecté en ligne en permanence n’est pas à l’ordre du jour. Nous avons une vision du logiciel et du service, afin d’arriver à mélanger le meilleur des deux mondes. »

Pourtant le service en ligne semble s’imposer au sein des stratégies d’entreprises ?

« Microsoft prône l’utilisation du logiciel et des services, de continuer de travailler ‘off line’ pour la richesse fonctionnelle et de basculer ‘on line’ seulement lorsque c’est possible. Une partie de l’activité s’exerce obligatoirement en ‘desktop’ (poste de travai) avec les fonctionnalités d’Office 2007 enrichies avec le ‘on line’. Rappelons que seules les ressources en local permettent de disposer d’applications riches. »

« Et puis, le mode ‘on line’ impose en corollaire l’hébergement des données au seuil du pare feu et à l’extérieur de l’entreprise, ce qui pose la question de la confidentialité et de la sécurité des données critiques, de leur sauvegarde, des mails et de l’audit. Face à l’apport de la richesse des applications et des fonctionnalités d’Office, les offres en ligne sont ‘good enough’, tout juste suffisantes ! »

La question n’est-elle pas plutôt comment faire évoluer votre ‘business model’ sans vous tirer une balle dans le pied ?

« Pour pouvoir proposer des fonctions avancées ou riches, nous proposons la logique du framework. Elle est d’ailleurs au c?ur de Vista, et c’est quelque chose d’extrêmement important qui a pourtant échappé à la majorité des observateurs lors du lancement de notre nouveau système d’exploitation. Surtout que nous avons ouvert notre framework au marché, qu’il s’agisse de Mac OS ou de Linux. »

« Avec notre logique, nous offrons un client riche, mais pas forcément en service web, qui s’exécute sur le poste de travail mais en s’affranchissant du navigateur. Microsoft tend vers le framework et le service web alors que nos concurrents veulent s’orienter sur le tout web. »

« Sauf que le navigateur est le plus petit dénominateur commun et qu’il impose d’ajouter des briques pour arriver au client riche. Alors que Microsoft permet de consommer du web sans passer par le navigateur. C’est l’exemple de la richesse d’Outlook en mode ‘off line’, mais qui accède aux réseaux sécurisés de l’entreprise. »

« Les services en ligne n’ont pas pour le moment de vocation à remplacer le poste de travail. De l’enrichir, oui? »

Est-ce que la convergence ne s’annonce pas plutôt sur le mobile ? En partie occultée par l’affrontement des deux géants sur les services ‘on line’, on peut légitimement de poser la question de savoir si cette guerre de position n’est pas déjà déplacée ?En réalité, ce qui se profile à l’horizon, c’est bien la convergence du poste de travail et des servies en ligne sur le mobile. D’ailleurs, les deux protagonistes ont déjà pris position sur ce marché : Google communique avec le Blackberry, Microsoft propose Windows Mobile. Les produits mobiles disposent déjà d’un accès aux données. Le problème aujourd’hui viendrait plutôt du modèle économique à mettre en place avec les opérateurs.Le terminal mobile est de plus en plus puissant, mais il souffre encore de son interface et du coût des services pour le particulier (lorsque ce n’est pas l’entreprise qui paie les communications !). Mais là, tant que la question de la facturation des services ne sera pas résolue et même après, le terminal du futur devra pour autant continuer de disposer d’un mode ‘off line’. Office intégré à Windows Mobile est à ce titre une option sérieuse.