Mind Mapping : l’exception française

Paroles d’expert : nous évoquons avec Frédéric Le Bihan l’évolution de la carte heuristique et de ses acteurs en France

Frédéric Le Bihan est un consultant spécialisé dans l’ingénierie de formation et un expert dans l’usage de la carte heuristique. Il est l’un des chefs de file du mouvement heuristique en France et le co-auteur de l’ouvrage ‘

Organiser vos idées avec le Mind Mapping‘. Adepte de la méthodologie des ‘mind maps’ développée par Tony Buzan, il a su s’en détacher au fur et à mesure que cette dernière a perdu une partie de son pragmatisme pour devenir une industrie. « Il faut relativiser la carte au profit de la démarche. La carte heuristique est un outil réfléchissant de ce que l’on est et ce que l’on pense« . Le ‘mind mapping’ reste encore confidentiel en France par rapport aux Etats-Unis ou à l’Allemagne. Y aurait-il une exception française ? « La carte heuristique n’est pas magique ! Il y a deux approches : l’approche théologique, par objectifs, est très américaine ; et l’approche constructiviste, une vision écologique de l’usage des maps. Mais il y a d’autres ressources que le raisonnal ou le cartésien. A la tête d’un réseau de praticiens, Frédéric Le Bihan cherche à crédibiliser la démarche du schéma heuristique. Et de son expérience, il affiche une certaine méfiance vis-à-vis des neurosciences et de certains gourous auto proclamés. « Il faut mettre fin aux apprentis sorciers« . « C’est la gestion de l’information qui inspire la pédagogie. C’est pour cela que ‘je tire des bords’, car l’empirisme fait partie de la démarche scientifique« . Praticien de la carte heuristique, sa démarche empirique et son expérience de la formation nous donnent une autre vision de la carte heuristique, qui pourrait faire d’une exception française une force pour aller plus loin avec cet outil remarquable. Mais, y a-t-il un marché du mind mapping, comme dans les pays anglo-saxons ou nordiques ? « L’appropriation de l’outil reste individuelle. Les utilisateurs de la carte heuristique restent des profils individuels qui ont essayés toutes sortes de choses avant de découvrir et d’adopter l’heuristique« . « Il y a une demande heuristique, mais qui renvoie à nos propres ressources« . La carte heuristique est souvent associée à la mémoire. C’est d’ailleurs un des axes de la méthodologie Buzan. « La mémoire ? Il faut se détacher du modèle Buzan, qui est trop associé à la performance. Prenez l’exemple des championnats du monde de mémoire, qui sont organisés par la Brain Foundation de Buzan. La championne du monde est obligée de s’entourer de ‘post-it’ dans sa cuisine. Elle n’a pas de mémoire dans sa vie courante, mais elle est championne du monde ! » Il reste un débat autour des outils informatiques, comme Mind Manager. Après le respect des préceptes de Buzan, ils évoluent de l’outil personnel de gestion des idées à l’outil de traitement de l’information. Une évolution qui divise la communauté? « La carte heuristique séduit les informaticiens. Normal, le concept reprend la logique qui est en partie la leur. Mais surtout le logiciel permet de manipuler les concepts dans l’espace et de hiérarchiser« . « Bien sûr les logiciels, en convergeant vers les grosses applications bureautiques ou de gestion de projet, perdent une partie de l’âme des praticiens de la carte heuristique. Mais le logiciel s’impose, je suis le premier à l’utiliser. Et puis, c’est un véritable outil collaboratif« . Il reste cependant à fédérer la communauté. Frédéric Le Bihan y travaille. Il a déjà réuni plusieurs personnes qui suivent sa démarche de certification de la formation. « Et à la rentrée, nous proposerons un portail communautaire destiné aux consultants formateurs praticiens, Heuristique.net« . A ce rythme, nous devrions reparler rapidement des cartes heuristiques?