Mobiles: Debitel change les règles du jeu

L’opérateur virtuel adossé à SFR lance de nouveaux forfaits sans engagement, sans mobile et accessibles uniquement sur le Net. Un nouvel environnement qui permet d’offrir des tarifs plus bas. 500.000 abonnés sont attendus avant la fin 2006

Les opérateurs virtuels (ou MVNO) vont-il enfin dynamiser un marché de la téléphonie mobile encore peu concurrentiel? Car malgré l’arrivée de deux MVNO (Debitel et Breizh Mobile), le marché est toujours contrôlé à 80% par SFR et Orange. Mais la donne pourrait changer grâce à une nouvelle offensive de Debitel.

Le MVNO adossé à SFR a débarqué en France en juin 2004 avec des offres ‘low cost’ à destination des primo accédants et des jeunes, et distribuées notamment au sein du réseau Videlec (voir nos articles). Six mois après, le succès est relatif, Debitel ne donne pas de chiffres mais affirme qu’il parviendra à son objectif, modeste, de 100.000 abonnés à fin 2005. Afin de passer à la vitesse supérieure, Debitel propose aujourd’hui de nouvelles offres qui rompent avec les règles du jeu habituelles. Le MVNO lance donc en France une deuxième gamme de forfaits à bas coûts (baptisés ‘Ma Puce’), sans engagement de durée, sans mobile associé et accessibles uniquement sur Internet et par téléphone. Un nouveau contexte (vraiment virtuel!) qui permet selon Debitel de proposer des tarifs 30% inférieurs à ceux de la concurrence grâce aux économies réalisées par la disparition de la subvention pour le mobile et du poids du réseau de distribution. Pourquoi ce choix? Selon une étude de l’opérateur, les attentes des consommateurs ont changé. 61% d’entre eux sont intéressés par des offres de forfaits sans mobile. En effet, une très large majorité des français sont désormais équipés d’un combiné. Par ailleurs, 84% des consommateurs sont intéressés par une offre sans engagement de durée. Pas d’engagement, pas de mobile, pas de réseau en « dur » Debitel a donc décidé, c’est une première en France, de dissocier l’abonnement et la vente de mobile, de supprimer les 12 ou 24 mois d’engagement et de développer la vente en direct. Conditions indispensables pour proposer des tarifs plus bas. Sept forfaits sont proposés, de 30 minutes (9,90 euros par mois) à 8 heures (49,90 euros par mois). Debitel annonce des économies de 30% par rapport à la concurrence même si la comparaison est difficile (options payantes chez l’un, gratuites chez l’autre…). Le SMS est à 9 centimes d’euros, le MMS à 18 centimes, la minute hors forfait est facturée 30 centimes. Pour Debitel, ces offres vont non seulement dynamiser le marché des mobiles mais aussi celui du fixe. L’opérateur espère surfer sur le mécontentement généré par la hausse de l’abonnement de France Télécom de 23% sur 3 ans et sur la possibilité de ne pas s’engager sur un an. Objectif: 500.000 abonnés fin 2006 Cette stratégie à coûts réduits devraient permettre à Debitel de décoller. « Nous serons au-dessus des 100.000 clients que nous avions annoncés pour la fin de l’année 2005 et nous visons désormais 500.000 clients fin 2006 », a déclaré Jean-Pierre Champion, président du directoire de Debitel France, lors d’une conférence de presse. Néanmoins, Debitel annonce qu’il sera très prochainement rentable. Jean-Pierre Champion précise que l’investissement global n’a été « que » de 10 millions d’euros car l’opérateur « n’est pas parti de zéro ». Reste maintenant à convaincre les consommateurs. Il est clair que ce sont les petits budgets qui sont visés. Mais l’inscription uniquement en ligne va-t-elle être bien acceptée? Pour le gouvernement, Debitel a trouvé la bonne solution: « Ce nouveau type d’opérateur mobile, virtuel tant par son réseau de télécommunications que par son réseau de distribution, s’adresse à un public de petits budgets, pour lequel le taux de pénétration de la téléphonie mobile en France est particulièrement faible », explique Bercy, qui rappelle l’objectif d’accroître le poids des MNVO en France.