Motorola fournira des mobiles aux pays émergents

Le fabricant américain a été sélectionné par la GSM Association. mais d’autres constructeurs veulent aussi leurs parts du gâteau

Les géants du secteur de la téléphonie mobile sont face à un dilemme. Si le marché mondial ne cesse de croître, la saturation du marché pointe à l’horizon dans les marchés matures et la concurrence fait rage dans les marchés émergents (Inde et Chine notamment).

Afin d’anticiper, constructeurs et éditeurs décident de se tourner vers les pays du tiers-monde, les pays pauvres exclus des nouvelles technologies. « Le téléphone mobile couvre 80% de la population mondiale, mais seulement 25% des gens ont un téléphone mobile. Il y a donc trois milliards de personnes qui vivent dans des régions couvertes par le réseau, mais qui n’ont pas les moyens de s’offrir des appels mobiles », a expliqué Ben Soppitt, responsable du projet « combinés pour les marchés émergents » au sein de la GSM Association qui regroupe les principaux opérateurs mobiles. Après avoir lancé un appel d’offres auprès des fabricants de mobiles, l’association a sélectionné l’heureux élu. Sans surprise, c’est Motorola qui a été choisi. L’américain était déjà très avancé sur la question avec un terminal à moins de 40 dollars. Dix opérateurs travaillant dans les pays en développement se sont engagés à acheter les quelque six millions de combinés proposés par Motorola, dont le C113a et le C113. Le C113a est un nouveau modèle conçu exclusivement pour le nouveau programme EMH, qui sera lancé le 1er janvier 2006. Le prix du C113, déjà disponible pour le premier programme, a été abaissé. Ben Soppitt, qui supervise cette campagne, a estimé que la barre des six millions pourrait même être largement dépassée, car la demande est en hausse depuis plusieurs mois. Selon les analystes spécialisés, cette politique de prix pour les pays en développement va entraîner une onde de choc dans le secteur, qui souffre depuis plusieurs trimestres de la baisse de ses marges en raison de la concurrence sur les prix. « En promettant des téléphones à moins de 40 dollars, Motorola a fixé une référence que tout le monde va devoir dépasser. Cela va faire baisser les prix des téléphones mobiles et contraindre certains à se désengager de ce métier », estime Ben Wood, analyste du cabinet d’études Gartner. L’initiative de la GSMA n’est pas isolée. Ainsi, à l’occasion du salon 3GSM Congress en février dernier, la société singapourienne Flextronics et le groupe Microsoft ont annoncé la mise au point d’une plate-forme de téléphonie GSM/GPRS. Intégrée par Flextronics et basée sur le logiciel Windows Mobile, de Microsoft, la plate-forme doit être mise à la disposition des équipementiers et des fabricants de téléphones mobiles. L’objectif de cette plate-forme, baptisée ‘Peabody‘, est de permettre aux industriels une production sur-mesure, à bas prix, et de répondre à la demande évolutive des consommateurs. Ils pourront ainsi choisir parmi 18.000 combinaisons différentes pour personnaliser leurs téléphones portables. Nokia a également annoncé un mobile spécial pays émergeants à moins de 100 euros. Le groupe finlandais a précisé que le modèle 2652, sera vendu le mois prochain en Chine, au Moyen-Orient, en Afrique et en Europe. En début d’année, Nokia a annoncé le lancement des modèles 1110 et 1600 à destination des nouveaux utilisateurs sur des marchés en pleine croissance comme l’Afrique, où il est en compétition avec le numéro deux mondial du secteur. Selon Nokia, en travaillant de concert avec les fabricants de téléphones mobiles, les équipementiers réseaux, les services télécoms et les instances de régulation, il est possible de proposer aux consommateurs un service téléphonique rentable pour 5 dollars (4 euros) par mois.