Mouchard de l’iPhone : la Cnil demande des comptes à Apple

Apple a déposé un brevet propres à exploiter des services de géolocalisation qui renforce la suspicion des utilisateurs d’iPhone suite à la découverte que la firme enregistrait les données géographiques de ses clients.

Apple est embarrassé avec cette histoire de présumé « mouchard » placé sur l’iPhone. Rappelons que le téléphone de la firme de Cupertino conserve une trace de tous vos déplacements, cela sans en avoir averti les utilisateurs. Nos confrères de Gizmodo.fr ne considèrent pas cela comme une simple bévue de la « marque à la pomme ».

La firme de Steve Jobs a ainsi récemment effectué une procédure de dépôt de brevet sur une technologie permettant l’accumulation de données géographiques enregistrées via le smartphone, rapporte ITespresso.fr. Plus précisément, la demande de brevet auprès de l’office américain des brevets (The US Patent and Trademark Office ou PTO) sous le numéro de dépôt 12/553-554 a été déposée en mars par Ronald Huang. Ce manager d’Apple supervise les équipes de développements logiciels de géolocalisation et plus globalement des terminaux nomades.

Le brevet décrit des « historiques de positions géographiques pour des appareils capables de se géo-localiser » : suivi des déplacements physiques de l’utilisateur, liens avec des transactions financières, transmission des données de géolocalisation via l’Internet à des serveurs distants… Autant dire que l’exploitation d’un tel brevet serait large.

La polémique prend de l’ampleur depuis la sortie d’iOS 4. Deux spécialistes de la sécurité (dont l’un affirme avoir travaillé chez Apple pendant cinq ans) ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis d’un enregistrement et d’un stockage des positions de géolocalisation sans la permission des détenteurs de l’iPhone. Les données seraient conservées au sein d’un fichier « consolidated.db » qui n’est jamais purgé et qui s’avère d’autant plus facile à lire et à décoder qu’il n’est pas chiffré ni protégé. Plus gênant encore, le Wall Street Journal assure que la collecte continue même après avoir désactivé les options « services de géolocalisation ».

Apple reste discret sur cette affaire et n’a rien démenti. Néanmoins, la « marque à la pomme » suit le sujet avec un grand intérêt. Steve Jobs lui-même a répondu à la question d’un client inquiet de ces pratiques : « Nous ne suivons la trace de personne. L’info qui circule est fausse. »

Ces pratiques entraînent une certaine suspicion dans plusieurs pays. En Corée du Sud, l’organe de régulation des télécommunications (Korea Communications Commission) a enclenché une enquête sur la collecte de données personnelles et la récupération des informations de géolocalisation sur l’iPhone et l’iPad. Aux Etats-Unis, deux citoyens basés en Floride demanderaient des explications à Apple à ce sujet devant la justice.

Selon TheInquirer, les pratiques de six firmes IT (Google, Apple, Microsoft, Nokia, RIM/BlackBerry et HP) sont scrutées par des parlementaires républicains. Au nom de la commission Energie et Commerce de la Chambre des Représentants, ils demandant des précisions sur la manière dont les données personnelles sur les terminaux nomades et les applications mobiles sont gérées (stockage, partage des données avec des éditeurs tiers…).

En France, la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a précisé qu’elle allait envoyer, en début de semaine, un courrier à Apple France pour que l’entreprise s’explique sur ces pratiques. Notamment pour savoir ce que l’entreprise californienne comptait faire des données ainsi collectées. Les réponses qu’Apple retournera devrait donc éclairer en partie cette affaire de collecte non déclarées des données des utilisateurs d’iPhone.